jeudi 8 février 2018

Jacou - Le chat me fixe

Le chat me fixe

Dans la gadoue,
Embourbé jusqu'au cou,
Je rampe, aperçois un trou.
M'y faufile, à croupetons,
Bruits de succion,
Aperçois l'horizon.
Las, ma vue empêchée,
Ma fuite barrée,
Se dresse poils hérissés,
Furieux, un animal.
Menaçant est son râle.
Moi, figé horizontal,
De boue empêtré,
Nul repli espéré,
Tente d'y remédier,
Au félin, ainsi m'adresse:
" Bien le bonjour, Votre Altesse,"
A ces mots, sa moustache, un rictus  redresse,
Ses yeux prenant féroce lueur:
" Suis Raminagrobis, mangeur de souris à ses heures,
Et de vous, ferais volontiers mon quatre heures."
Sitôt dit, sitôt agit.
C'était compter sans soudaine frénésie,
Qui mon corps prit.
Reculant prestement,
Le vilain animal, à ma suite, entraînant,
De ses griffes me défaisant.
Celui-ci, poils englués,
Tente de les lécher,
Sa langue en reste empâtée.
Le voilà tout hébété, furieux,
Offrant spectacle curieux,
Statuaire, greffier malgracieux.
Impuissant spectateur,
Au grand bonheur,
De souris et rats rigoleurs,
Dansant pas chassés, entrechats,
Sans qu'il ne bronchât.
Soudain, de sa gangue, se débarrassa.
Tel un ressort, jaillit de la glu,
Menaçante, ongles pointus,
Une patte griffue.
Cris et stupeurs, sauve qui peut
Petits rats, à qui mieux mieux
S'enfuient, désordre et pas d'adieux.
De ce remue-ménage profitant,
Je m'esquive tout autant,

Sans faire révérence ni saluant.

9 commentaires:

  1. ouf! Ravie de savoir ce petit rat sorti d'affaire ! ;-)

    RépondreSupprimer
  2. La souricière a failli être fatale à ses locataires !

    RépondreSupprimer
  3. il y a comme un parfum vintage dans tes mots

    tu pourrais bien écrire des fables...

    dans ton blog tu parles de mots joués
    et tu t'en joues bien

    ici j'ai suivi tes mots
    j'ai bien aimé

    RépondreSupprimer
  4. J'ai envie de dire « La Fontaine, sors de ce corps » !
    ¸¸.•*¨*• ☆

    RépondreSupprimer
  5. Moralité : le chat n'est jamais vaincu !

    RépondreSupprimer
  6. moralité : entouré de plus petits que lui, le félin ne sait où donner de la tête, et perd de vue la proie qu'il s'était fixée :)

    RépondreSupprimer
  7. Une bien jolie fable en effet. "Tel est pris qui croyait prendre"

    RépondreSupprimer
  8. En effet, tant dans la mise en scène que dans le ton, on peut y voir un petit clin d'œil à La Fontaine.

    RépondreSupprimer
  9. Mi-fable mi-slam, belle réussite très imagée !

    RépondreSupprimer

Les commentaires sont précieux. Nous chercherons toujours à favoriser ces échanges et leur bienveillance.

Si vous n'avez pas de site personnel, ni de compte Blogger, vous pouvez tout à fait commenter en cochant l'option "Nom/URL".
Il vous faut pour cela écrire votre pseudo dans "Nom", cliquer sur "Continuer", saisir votre commentaire, puis cliquer sur "Publier".