mardi 12 septembre 2017

Marité - Sportez-vous bien

Rencontre sportive.

Plus qu'une semaine et ce sera le départ de la Brive-Rocamadour. Serge compte les jours et se prépare à cette compétition qu'il affronte à vélo pour la troisième année consécutive. La première fois, il a participé "en touriste". Juste pour voir. L'an passé, avec un peu d'entraînement, il a bien appréhendé le raid et même s'il n'a pas accompli totalement le parcours, il a noté avec satisfaction qu'il pouvait faire un bon score.

Aussi, cette année, il s'applique à mettre toutes les chances de son côté. Il a effectué le trajet de l'an dernier plusieurs fois. Pratique quand on habite sur place. Il a enregistré mentalement toutes les difficultés. Il connaît bien la région et même si le circuit change, les pièges ne peuvent pas varier beaucoup pense-t-il, optimiste.

Serge s'est imposé des règles strictes pour conditionner son corps pendant les jours avant course.

Ce n'est pas le cas de Luc, son collègue récemment retraité qui s'acharne à l'entraînement à longueur de journée. Quand il passe au bureau chaque fin d'après midi pour lui donner des nouvelles de ses exploits du jour, Serge l'observe d'un air goguenard. Écarlate sous son casque aérodynamique - qu'il n'a pas le temps d'enlever - le mollet agressif et la démarche claudicante, il entre au guichet de la banque, fonce littéralement sur Serge. Nullement gêné par les regards en coin des clients, il explose en se frottant les mains : "j'ai encore gagné dix minutes sur le temps d'hier." Puis il s'éloigne dans sa tenue collante et bigarrée tout content de lui.

"Bientôt, il ne pourra plus décoller les fesses de la selle de sa bécane" ironise Serge qui a une tout autre stratégie pour se mettre en condition.

Pas d'écart sur l'alimentation surtout. Pâtes, riz et poisson sont très souvent au menu cette semaine avec de l'eau, beaucoup d'eau pour éviter les crampes. C'est sérieux là. Il faut aussi de bonnes nuits de sommeil. Donc coucher à neuf heures tous les soirs sans faute. De la discipline.

Et son bijou : son Rocky Mountain. Comme il le bichonne et l'examine sous toutes les coutures !
Tout doit être parfait : la hauteur de selle, la longueur de la potence, la largeur du cintre...Tout !

Michel, quant-à lui, a été l'un des premiers organisateurs de la Brive-Roca. Il a cédé, cette année, sa place aux plus jeunes pour ce qui est de l'organisation. Mais pour tout l'or du monde il ne manquerait la fête. Il se propose d'accomplir tranquillement les 20 kms de marche prévus pour les randonneurs. Il se réjouit de pouvoir enfin profiter de la boucle qui emprunte les sentiers des moulins et traverse de beaux villages lotois. Il sait qu'il ne sera pas seul sur le chemin mais tant pis. Il laissera passer les compétiteurs. Lui se promet bien de se la jouer buissonnière. Il a arpenté tous les itinéraires au pas de course pour les reconnaître. Fini maintenant. Si la journée n'y suffit pas, il rentrera à la nuit tombée mais il en profitera au maximum. "Une autre forme de sport se dit-il, plus appropriée à mon âge. "

Voici le grand jour, place de la Guierle. 8 heures ce dimanche matin d'avril. Serge et Luc trépignent d'impatience derrière les barrières. Il règne une excitation palpable. Tout le monde se hèle, s'apostrophe dans cette foule colorée et joyeuse en attendant le départ.

Michel, quant-à lui, s'est rendu à Rocamadour d'où partent les randonnées. Il a mis dans son sac à dos de l'eau, des chaussettes de rechange et un k-way sans oublier son appareil photo. Il a téléphoné hier à ses copains Serge et Luc pour leur souhaiter bonne chance.

La matinée se passe bien pour tout le monde. Pendant que Serge et Luc foncent, la tête dans le guidon, Michel flâne sur les sentiers en admirant la nature.

En début d'après midi cependant Michel n'y résiste pas. Il va se poster un peu à l'écart de son chemin, à un point stratégique d'où il sait pouvoir regarder les cyclistes qui empruntent cet itinéraire. Il arrive juste à temps pour admirer les prouesses de Serge suivi de près par Luc. Serge, très concentré, s'applique à éviter les obstacles. Mais Luc, apercevant Michel, lève le bras pour le saluer, trébuche et cul par dessus tête - euh, vélo par dessus tête - dévale la pente pour attérir sur Serge qui, à son tour, bascule et plonge en contre-bas. Embouteillage. Vociférations.

Michel se précipite pour aider ses copains qui se traitent de tous les noms d'oiseau. Luc semble n'avoir que des égratignures mais il est un peu sonné. Serge est plus durement touché et se plaint : mal à une épaule et il ne peut pas marcher.

Les secours arrivent. Il faut transporter Serge à l'hôpital et tant qu'on y est on y emmène aussi Luc pour des examens.

Michel ne termine pas sa randonnée. Il n'a qu'une hâte : revenir à la maison. Avant de rentrer, il passera prendre des nouvelles de ses amis. Tout à ses pensées, il ne voit pas le tracteur qui débouche d'une petite route. Coup de frein trop tardif; il ne peut éviter l'engin et tape dans une de ses grosses roues.

Quand il arrive un peu plus tard aux urgences sur un brancard, Luc et Serge le regardent, médusés.
Belle rencontre...très sportive !

Les trois lurons se sportent bien maintenant. L'an prochain, sans faute, ils s'inscriront à la Brive-Rocamadour pour le meilleur en laissant le pire derrière eux.

3 commentaires:

  1. Pour une rencontre c'est une rencontre !

    RépondreSupprimer
  2. Ils feraient mieux de faire la route des vins... Avec modération œuf corse ];-D

    RépondreSupprimer
  3. Comme disait Charles Baudelaire : "La Corrèze pond dense les incidents de parcours" !

    Joli récit !

    RépondreSupprimer

Les commentaires sont précieux. Nous chercherons toujours à favoriser ces échanges et leur bienveillance.

Si vous n'avez pas de site personnel, ni de compte Blogger, vous pouvez tout à fait commenter en cochant l'option "Nom/URL".
Il vous faut pour cela écrire votre pseudo dans "Nom", cliquer sur "Continuer", saisir votre commentaire, puis cliquer sur "Publier".