mardi 6 septembre 2016

Laura Vanel-Coytte - En attendant la pluie

En attendant la pluie, je relis le poème d'Emile Verhaeren: "la pluie,
La longue pluie," de mon enfance  dans les plaines de Champagne;
J'y marchais volontairement, chantais, dansais et riais sous la pluie;
Je suis Cancer, fille de l'eau née d'un Vers-eau et d'un autre joli crabe.
En attendant la pluie, je revois Turner, "Pluie, vapeur et vitesse", la pluie
Brouille  ce paysage d'un train qui file vers cette ville qu'on espère
Loin  d'un autre paysage urbain qu'on connait trop bien sous la pluie
Je suis fille d'une terre plantée plus tard de vignes, une terre qui pétille.

Qui n'a pas chanté un jour, "Il pleut , il pleut bergère" cette pluie
De Fabre d'Eglantine avant de ployer sous la "pluie d'hommes"
De Geri Halliwel, qui n'a pas dansé sous cette sensuelle pluie
Qui n'a pas ri du "Senior Météo" de Carlos, pleuré avec Barbara à "Nantes"?

Qui n'a jamais admiré les "ciels brouillés" , les" Brumes et pluies"
De Baudelaire; qui n'a jamais écouté "le bruit égal des eaux" de Sully Prudhomme
Qui n'a pas lu ses poèmes -paysages heureux et pluvieux a raté sa vie
Même s'il est publiciste, "Ô le chant de la pluie !" clamait Verlaine

En attendant la pluie,  je regarde la "Pluie d'orage sur la mer" de Constable
J'admire le talent de Caillebotte dans "Rue de Paris, temps de pluie."
En voyant "L'averse" de Sérusier", j'ai envie de revoir la Bretagne
Le pays de mes aïeules  qui m'ont légué le goût de la beauté de la pluie.

"I'm singing in the rain" avec Fred Astaire qui ressemblait à ce grand-père
Que je n'ai pas connu, des pas appris derrière les volets battus de pluie
De ma grand-mère, cette petite bretonne veuve trop tôt d'un homme de Provence
Je suis fille de ce feu nervalien, écartelée entre  le soleil et la pluie.

En attendant la pluie, "Jean  qui pleure, Jean qui rit", sous les larmes, je souris
Je me déhanche sur "Purple Rain" en lisant les "Fleurs du mal" sublimes
"Soleils noirs" que Durer  a su illuminer d'encore plus de mélancolie
Je suis fille de l'air, celui qui  mord, rafraîchit et brule dans mes paysages.

6 commentaires:

  1. belle promenade artistique dans les paysages de pluie, qu'ils soient littéraires ou picturaux

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  2. Arpenteur d'étoiles8 septembre 2016 à 23:49

    que j'aime ce texte/poème qui nous fait voyager dans la poésie, la peinture et aussi ce qui t'a fait ce que tu es ... superbe !

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  3. Extra ce florilège ! et vive la pluie !
    ¸¸.•*¨*• ☆

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  4. Stouf
    Je regrette tellement ma mémé Victorine de bretagne et son obcession compulsive lorsqu'elle ramassait des coques sur la plage les pieds dans la boue,y'avait plus de limites...plus rien d'autre n'existait. "Mémé...eh mémé,j'ai froid,il pleut et le ciel est tout bleu noir,la mer monte ! Oui mon chéri on s'en va,attend." Dans mon kabig j'était gelé et heureusement que tonton François savait la raisoner,on rentrait avec la R6 pour enfin être au chaud et manger une bonne soupe de patates-poireau avec un peu de farz gwinis du et au lit...ouf,j'm'en était sortit ! ;o)

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  5. Tu réussis très bien à me réconcilier avec la pluie (si besoin était) et surtout me donne envie de me replonger vers tous ces artistes...

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  6. En vagues rafraichissantes, de belles évocations littéraires

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