lundi 20 juin 2016

Jacou - Que se passe-t-il quand on referme un livre ?


Livré à lui-même

- Hébé, c'est pas trop tôt.
- " C'est pas trop tôt", est employé pour la langue parlée. N'oublie pas que nous avons un rang à tenir, nous, la langue écrite.
- Bon, si tu le dis! Enfin, ce n'est pas trop tôt! Voila, l'ai-je bien écrit?
- Parfaitement. Je l'entends. Mais, voudrais-tu bien me dire ce qui "n'est pas trop tôt."
- Elle est en train de lire, plutôt déchiffrer le mot fin.
- Pourquoi penses-tu qu'elle déchiffre?
- T'as qu'à voir les rides qu'elle a au front.
- Tu n'as qu'à ... Regarde donc les rides striant son front.
- Et voilà, elle a terminé. N'as- tu donc rien remarqué, chez notre lectrice?
- Oui, mais rien de bien méch ... Quelques erreurs d'inattention, sans gravité, ce me semble.
- Té, vois ... Vois-tu comme elle nous jette. Je te parie qu'on va atterrir dans la poubelle.
- Il se pourrait que notre vie s'achève dans un bac à laisser pour compte.
- Laisser pour compte serait le moindre des maux qui nous attendent. Depuis le début, je souffre! Les phrases qu'elle a sautées, les pages entières qu'elle lisait en pensant à autre chose, et puis les cornes ..., mais, non, c'est pas poss ... c'est insensé ! Quel est donc ce trait obscurcissant en presque totalité mes pages ! Au moins la moitié sont noircies.
- Heureusement.
- Comment, heureusement! J'étouffe littéralement!
- Rien de plus normal, pour une situation que je qualifierais de littéraire.
- Et les gribouillis qui lacèrent les mots, comment les qualifies-tu les gribouillis?
- Un écrivain, parfois, ne trouve pas l'inspiration tout de suite. Et encore, peut-il s'estimer chanceux de ne pas subir la fameuse crampe.
- Et bien, tu vois, en ce moment, je préfèrerais qu'il la subisse sa crampe, et le crayon avec. Je suis zébré de partout. Je n'arrive plus à me relire, même en diagonale.
- Puisque nous sommes finis ; cela ne devrait plus avoir d'impor-chuit-son.
- Imporson, je ne pense pas que ce mot figure dans le dic-chuit-terre.
- Dicterre, non pl-chuit-stique.
- Et plst-chuit-don, tu le traduirais comment? Parce que toutes ces consonnes qui se suivent-chuit- et cuisent à-chuit- dans le lac du Bou-chuit- caracole.
- Tu dis n'impor-chuit
- Répète, je n'ai pas-chuit
- Où es-tu? Je n'arr-chuit-
- Et toi?

" Maman, tu me donnes la colle, pour faire la pâte à papier, s'il te plaît?"

4 commentaires:

  1. J'adore la complainte des mots maudits ! leurs jérémiades, et puis cette fin très jacouesque (jacouzienne ?)... en sales lambeaux, comme dirait l'autre :)

    Excellent, vraiment (seul bémol, j'aurais bien aimé écrire ton texte)

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  2. Excellent, ce dialogue !
    Vivant et divertissant au possible, bravo Jacou !
    ¸¸.•*¨*• ☆

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  3. Très belle chute ! Voilà un livre qui aura une deuxième vie !

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  4. Un dialogue original qui finit dans la patouille...un peu comme les phrases inachevées et ponctuées d'un "Voilà" triomphant !

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