mercredi 13 avril 2016

Lorraine - La concierge

LA CONCIERGE EST A L’ OPERA

J’avais oublié mes clefs chez moi sur la table. Ma femme était aux chutes du Zambèze. Je me trouvais idiot devant la porte fermée quand soudain je me dis : « La concierge doit avoir un double ».

Je dégringolai les escaliers et frappai fort sur le carreau de la loge.
- J’arrive, répondit une voix chantante

J’étais énervé. « Dépêchez-vous, s’il vous plait, je suis pressé ».
J’étais surtout anxieux. Pourrait-on ouvrir ma porte ? Devrais-je appeler un serrurier ? A cette heure-ci, ce serait difficile. La fillette qui sortit de la loge ne me connaissait pas. Moi non plus.

- Qu’est-ce que vous voulez ? dit-elle, boudeuse.
- Où est ta maman ?
- Partie. A l’opéra avec son ami. Ma tante et moi, on la remplace.

La tenture qui séparait le studio en deux s’écarta et une belle fille au yeux verts me sourit :
- Le double de vos clefs ? Mais elles sont là, dans l’armoire vitrée, regardez…
Oui, pendues chacune à son crochet, bien alignées avec leur n°. J’étais sauvé, quand la voix chantante mit les points sur les i.
- Oui, mais l’armoire est fermée à double tour et maman emporte toujours les clefs quand elle part…

Je me laissai tomber sur une chaise. Compatissante, la tant m’offrit un verre de porto ; nous trinquâmes.. Je n’étais plus hors de moi, mais quand même suffisamment nerveux encore. Que faire, sinon aller dormir à l’hôtel ? J’avais perdu assez de temps, une demi-heure sans aucun doute. Une demi-heure qui a suffi pour que j’arrive au carrefour en même temps que la camionnette conduite par ce fou de Gérard, le fleuriste. Il ne m’a pas raté.

Je suis à l’hôpital, la jambe surélevée par un levier, la tête enturbannée, des tuyaux partout. Gérard vient me voir. C’est gentil de sa part parce qu’il paraît que j’ai tous les torts.

Ah oui ! ma femme m’a écrit que je ne devais pas l’attendre. Elle a rencontré aux chutes du Zambèze un de nos voisins, absolument charmant, plein de fric qu’il a gagné à la loterie. Je ne sais pas si je suis malheureux. La sœur de la concierge vient me voir et prétend que je m’améliore tous les jours. Aujourd’hui, j’ai fait quelques pas dans le couloir, appuyée à elle. Elle est très douce.

Quand je sortirai, elle m’aidera à défaire ma valise. Et la sienne…

Où lire Lorraine              

9 commentaires:

  1. Mais que faisait Gérard à cette heure dans les rues avec sa camionnette ? Si ça se trouve, la concierge était avec lui et pas à l'opéra ! Mon Dieu, quelle histoire !

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    1. Nous ne le saurons jamais! Laissons planer le mystère...

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  2. Ah oui, quelle histoire ! Un véritable tournant dans la vie du bonhomme. Faut-il vraiment laisser son double de cléfs chez la concierge...Mais y-a-t-il encore beaucoup de concierges ?

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    1. Comme quoi le hasard est parfois maître du destin! :)

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  3. Brassens en aurait fait une super chanson...
    ¸¸.•*¨*• ☆

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    1. Il racontait de belles histoires; la soeur de la concierge l'aurait peut-être inspiré, en effet! :)

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  4. Arpenteur d'étoiles15 avril 2016 à 16:30

    Sa femme était aux chutes du Zambaise plutôt, non ? (pardon mais j'ai pas pu m'empêcher)
    Sinon, cette histoire me plaît et m'a bien amusé ... comme quoi les rencontres fortuites sont bien souvent riches et surprenantes

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    1. Tu es pardonné, l'Arpenteur! :) Les petites choses de la vie naissent souvent par hasard. Y compris l'amour.

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  5. Laissons les drames aux opéras et le bonheur à ces amoureux! Bien trouvé, comme synopsis!

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