Une réunion au sommet
Espagnols, italiens, allemands et américains avaient terminé leurs exposés. Notre collègue californien, comme d’habitude, dormait profondément à cause du jetlag. Le market manager hollandais présentait ses propositions pour l’année à venir sur un power-point alambiqué, accompagné d’un prévisionnel chiffré et fort ennuyeux. Je devais clore la journée avec les analyses des résultats de l’année terminée et les développements à venir.
Mon rôle était double : à la fois le management commercial mais aussi la communication. Celle-ci était essentielle car il avait été décidé par le CEO de ne pas faire appel à nos agences de pub habituelles, mais de « brain-truster » avec mes équipes, pour trouver une formule ravageuse, emportant les consommateurs vers nos produits. La France était alors le fer de lance de cette activité-là, et c’était à nous de convaincre le monde - enfin, le monde du groupe international auquel j’appartenais - pour faire exploser le marché et décupler nos marges !
Nos produits étaient alors des accessoires vestimentaires destinés à valoriser de façon esthétique, originale, élégante et forcément « fashion » l’allure « normale » des populations. Une gamme très complète de foulards, ceintures, chapeaux, bijoux fantaisie, T-shirts aux formes surprenantes, chaussures, transformant une tenue banale en une allure ultra chic, permettant d’aller partout sans dépenser des sommes folles. Le prolétaire de base pouvait paraître dans les salons mondains.
Je pris la parole. Après un bref aperçu des résultats annuels, j’ai demandé à toute l’équipe de se lever et de venir autour de moi. La tension monta rapidement devant cette mise en scène. Nous nous sommes regardés, avons compté à voix basse jusqu’à trois et nous avons proclamé ensemble d’une voix forte le nouveau slogan de la campagne : « La concierge est à l’opéra »
Il y eut un instant de silence interrogatif, puis le CEO s’est levé et a commencé à applaudir. Les autres ont suivi, forcément, nous offrant une standing ovation. Nous avions réussi. En réalité, ce slogan avait été trouvé quelques jours auparavant, lors d’une soirée arrosée dans un restaurant situé en face du palais Garnier, alors qu’une concierge sortait les poubelles d’un immeuble haussmannien.
Espagnols, italiens, allemands et américains avaient terminé leurs exposés. Notre collègue californien, comme d’habitude, dormait profondément à cause du jetlag. Le market manager hollandais présentait ses propositions pour l’année à venir sur un power-point alambiqué, accompagné d’un prévisionnel chiffré et fort ennuyeux. Je devais clore la journée avec les analyses des résultats de l’année terminée et les développements à venir.
Mon rôle était double : à la fois le management commercial mais aussi la communication. Celle-ci était essentielle car il avait été décidé par le CEO de ne pas faire appel à nos agences de pub habituelles, mais de « brain-truster » avec mes équipes, pour trouver une formule ravageuse, emportant les consommateurs vers nos produits. La France était alors le fer de lance de cette activité-là, et c’était à nous de convaincre le monde - enfin, le monde du groupe international auquel j’appartenais - pour faire exploser le marché et décupler nos marges !
Nos produits étaient alors des accessoires vestimentaires destinés à valoriser de façon esthétique, originale, élégante et forcément « fashion » l’allure « normale » des populations. Une gamme très complète de foulards, ceintures, chapeaux, bijoux fantaisie, T-shirts aux formes surprenantes, chaussures, transformant une tenue banale en une allure ultra chic, permettant d’aller partout sans dépenser des sommes folles. Le prolétaire de base pouvait paraître dans les salons mondains.
Je pris la parole. Après un bref aperçu des résultats annuels, j’ai demandé à toute l’équipe de se lever et de venir autour de moi. La tension monta rapidement devant cette mise en scène. Nous nous sommes regardés, avons compté à voix basse jusqu’à trois et nous avons proclamé ensemble d’une voix forte le nouveau slogan de la campagne : « La concierge est à l’opéra »
Il y eut un instant de silence interrogatif, puis le CEO s’est levé et a commencé à applaudir. Les autres ont suivi, forcément, nous offrant une standing ovation. Nous avions réussi. En réalité, ce slogan avait été trouvé quelques jours auparavant, lors d’une soirée arrosée dans un restaurant situé en face du palais Garnier, alors qu’une concierge sortait les poubelles d’un immeuble haussmannien.
Un sujet imposé qui devient très fashion puisque le monde de l'entreprise et son vocabulaire "in" plongent le lecteur dans une histoire à laquelle on ne s'attend pas du tout. Bravo l'arpenteur.
RépondreSupprimerJ'espère que la brave concierge - devenue sans le savoir inspiratrice de ce slogan publicitaire - a reçu quelques uns des accessoires de mode. C'est bien le moins.
RépondreSupprimerQuelle imagination ! Bravo l'Arpenteur d'étoiles.
Je suis sûre que la campagne a fait fureur! Malgré et surtout grâce à son non-sens! Tu es un fin psychologue des foules, l'Arpenteur! :)
RépondreSupprimerTrès joli ! je ne sais pas comment ça passera à l'international, par contre : penser à traduire en respectant le joli rythme de la phrase, peut-être ?
RépondreSupprimerComme quoi, les meilleurs idées naissent parfois de façon peu orthodoxes...
RépondreSupprimerBravo, l'arpenteur !
¸¸.•*¨*• ☆
en fait, cela fait partie des choses que j'ai vécues dans d'autres vies précédentes. Réunions internationales (liées à mon activité spécifique) dans un groupe de près de 10000 personnes, siège en Belgique (Bruxelles), 54 usines dans la monde, des présentations à n'en plus finir et des débats parfois utiles, souvent crispants ...
RépondreSupprimerHélas, je n'avais jamais imaginé ce slogan là :o)))
dommage !!
A te lire, Arpenteur, j'ai senti que cela criait de vérité, du vrai, du vécu...je ne connais pas ce "monde" et donc, je te remercie pour cette révélation pertinente !
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