dimanche 27 mars 2016

Gene M - Titres de romans

Une aube au coin des doutes

Les yeux grand ouverts dans le noir, je réfléchissais... Et si je m'étais trompée et s'il avait dit la vérité ?
Tous ces souvenirs refoulés depuis si longtemps s'imposaient à moi.

La nuit s'effaça devant l'aube. La pluie tambourinait doucement sur les carreaux, le ciel était d'un gris sombre. La journée s'annonçait maussade.

C'était ma première affaire aux Assises. J'étais à la fois excitée et terrifiée.
Il s'agissait d'un crime sordide : un jeune homme avait poignardé sa tante pour la voler. On l'avait découvert sur lieux du crime. Malgré cela il s'obstinait à nier.
Connu des services de police, il avait à peu près tout raté dans sa jeune vie.
Il maintenait que sa tante lui avait demandé de venir ce soir là, chose bien improbable car la vieille dame ne voulait plus entendre parler de lui...

Piégé, répétait-il, j'ai été piégé...

Et si malgré tout son histoire était vraie.
Pourquoi n'ai je pas davantage creusé à l'époque. Mais il était si peu fiable. 
Son histoire rocambolesque de complot n'aurait aucun crédit devant un jury. Je voulus le dissuader de plaider l'innocence. Il s'entêta et ne voulut rien entendre.
Je fis au mieux et malgré ma fougue et de bons arguments- du moins le croyais-je - il fut condamné à mort. Nous étions en 1980. 
Blême il articula avec difficulté : " je ne suis pas coupable ".
Je tentai de le rassurer,, je lui dis :
" Je vais vous sortir de là "
Entre lui et l'ignoble machine, il n'y avait plus que la cassation et la grâce présidentielle.( rappelons qu'à cette époque l'appel n'existait pas pour les crimes).

Je n'avais aucune illusion quant à la grâce présidentielle, Giscard s'était fait le pourvoyeur du bourreau à plusieurs reprises.

 L'arrivée de Mitterrand au pouvoir en 1981 lui avait épargné la guillotine mais peu de temps après on le retrouva pendu dans sa cellule. Bien sûr son suicide fut interprété comme un aveu.

Aujourd'hui je n'en étais plus certaine. Le doute s'insinuait en moi. Je me souvins que j'avais été frappée par l'accent de vérité de ses dénégations. Mais j'étais encore si jeune  à l'époque et l'on m'avait mise en garde contre tous ceux qui, en prison, se prétendaient innocents.

Ma décision était prise : je devais relire le dossier , avec une nouvelle approche. Tant de temps avait passé, j'avais vieilli et je n'avais plus autant de certitudes. J'étudierai le dossier avec des yeux neufs. Je lui devais bien ça.

4 commentaires:

  1. Arpenteur d'étoiles27 mars 2016 à 15:52

    voilà, tout est posé ; le crime, le suicide (ou pas) du jeune homme considéré comme coupable, une avocate ayant gagné de l'expérience ... tout est prêt pour que tu nous offres une enquête policière pleine de rebondissements et de surprises ... :o)

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  2. Superbe texte, mais quel cas de conscience ! Du genre qui empêche de dormir, qui remue les tripes, la mort par pendaison suspecte d'être un assassinat de plus et l'assassin toujours en cavale. J'aime beaucoup ce début de roman, l'enquête est ouverte, alors ? Yapuka.

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  3. La suite, la suite, la suite....

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  4. C'est frustrant, ce sujet... On a tellement envie de connaître la suite...
    ¸¸.•*¨*• ☆

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