mardi 17 novembre 2015

Maestitia - Comment ne penser à rien ? (suite)

PARIONS SUR LA VIE
(et si c'est pas sûr, c'est quand même peut-être)

Dis-moi, elle ressemble à quoi la vie vu de tes yeux à toi? Toi qui n'en finis pas de bondir, de sortir les griffes pour de faux et de ronronner comme si de rien n'était. Toi qui n'en finis pas de t'amuser de tous ces petits riens que les grands cons dans mon genre ne savent plus voir. Toi qui n'en finis pas de te frotter aux gambettes de la vie malgré les coups qu'elle t'a déjà donnés. Dis-moi, elle ressemble à quoi la vie vu de tes yeux de tout petit chaton? Est-ce qu'elle fait mal parfois quand tu loupes ta dernière pirouette, dis-moi comment fais-tu pour toujours retomber sur tes pattes? Est-ce que tu t'y sens à l'étroit souvent, dis-moi comment fais-tu pour ne pas me détester d'amocher ta liberté? Celle à laquelle je tiens comme à la prunelle de mes yeux. Ceux qui se drapent de larmes à mesure que la bêtise humaine l'effrite. Dis-moi, il ressemble à quoi le monde pour que derrière la fenêtre tu crèves d'envie d'aller coller ton museau dedans? Dis-moi, est-ce que ton soleil brille fort, dis-le moi je t'en prie, mes yeux à moi depuis vendredi ne distinguent plus rien qu'une interminable nuit qui n'en finit pas de tomber. Dis-moi, tu dois me trouver bien bête à laisser le temps filer en chialant sur le canapé, hein? Toi qui la prendrais bien ma place, pour aller farfouiller dans les moindres recoins du monde, et sûrement que tu les y dénicherais ces foutus fragments d'humanité ; pour aller jouer avec le brouillard et sans aucun doute que tu le dissiperais en même temps que la haine et la peur, et peut-être aussi que t'arriverais à le faire voir aux yeux qui n'y arrivent plus : ton soleil qui brille fort. Dis-moi, y a-t-il quelque chose de mal à préférer être bête parfois, si le genre humain ça ressemble à ça? Et toi qui regardes par la fenêtre et que je ne parviens plus à lâcher des yeux depuis, je t'assure que si je le pouvais je te la céderais volontiers, ma foutue place que je ne sais plus occuper qu'à moitié. Alors, je te regarderais baisser la poignée de la porte d'entrée, la claquer entre mon museau et tes pieds. Alors, je miaulerais à la mort à la vie à t'en fendre le cœur, si ton cœur n'était pas déjà pris par ce parfum de liberté dont la cruelle humaine que j'étais se pensait en droit de te priver. Alors, je t'en voudrais un peu pour la forme et puis, je retournerais vaquer à mes occupations. Et je n'en finirais pas de bondir, de sortir les griffes pour de faux et de ronronner comme si de rien n'était. Et je n'en finirais pas de m'amuser de tous ces petits riens que les grands cons dans ton genre ne savent plus voir. Et je n'en finirais pas de me frotter aux gambettes de la vie malgré les coups qu'elle m'a donnés. Et le museau collé à la fenêtre, de ce monde en morceaux je ne distinguerais qu'un soleil qui n'en finit pas de briller. Et de mes yeux de tout petit chaton, le conditionnel je le mets en bouteille.

2 commentaires:

  1. Touchant, prenant, et du canapé où je pleure comme vous, je me pose les mêmes questions.

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  2. j'aime énormément ton texte, et je suis contente de te relire ici, Maestitia
    j'aime ces interrogations que tu lances, éperdue, à ce chaton
    j'aime trouver plus de sagesse dans les yeux d'un chat qu'il nous donne envie de retrouver notre humanité et notre joie de vivre

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