lundi 16 novembre 2015

Chri - Comment ne penser à rien ? (suite)

Ils.

Ils sont montés dans des voitures, ils ont traversé le pays, ils sont venus en douce, en silence, en cati-mini, ils se sont  rendus dans des quartiers plein de vie, de jeunesse joyeuse, d’insouciance légère, ils ont armé leurs engins de mort et de sang glacial, ils ont tiré des balles dans le dos de nos enfants désarmés qui écoutaient de la musique, mangeaient en terrasse, riaient, échangeaient, buvaient un verre avec leurs amis… Ils ont tiré sur nos enfants. Ils les ont transpercés de balles, déchiquetés, coupés, troués, achevés, les uns après les autres, en prenant leur temps, en y revenant, en recommençant, en rechargeant leurs armes, en ne s’occupant nullement de savoir sur qui ils tiraient. Ils ne tuaient ni des juifs, ni des musulmans, ni des catholiques, ni des gens de droite, ni des gens de gauche, ils tuaient des enfants, nos enfants, qui s’amusaient un vendredi soir dans Paris…
Ils l’ont fait froidement, implacablement, longtemps très longtemps. Pas un seul instant ils ne sont dits : On ne peut pas faire une chose pareille, ça n’est pas possible, pas humain. Presque certain qu’en tirant ils n’ont pensé à rien. À rien d’autre qu’à tirer. Eux, ils ont su penser à rien…
Puis, leur folie furieuse exprimée, leurs crimes, leurs carnages, leurs entreprises de destruction terrifiantes accomplis, à bouts de munitions, à bouts de leurs arguments ils se sont fait exploser.
Et vous savez quoi ? Ils étaient eux aussi des enfants.
Et nous voilà maintenant, les survivants, les épargnés, les vivants avec notre infinie tristesse, avec nos larmes pour un oui, pour un non, avec notre rage, avec nos questions, avec nos peurs… C’est qu’il nous reste des enfants…
Quel autre assassin va venir nous tirer dessus ? Où ? Quand ? Dans quel quartier ? Dans quelle ville ?
Et ce sentiment d’impuissance terrible parce que  nous n’avons pas su les protéger nos enfants, ni  d’eux même ceux là qui ont tué.
Et nous sentons bien que ce n’est ni la force, ni la violence, ni une surenchère à la haine qui pourra régler ça définitivement…
Parce que c’est bien ce que nous voulons. La paix. Qu’à la folie dure s’oppose la raison douce.
Définitivement.

4 commentaires:

  1. L'Amour pleure de ta plume.

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  2. j'aime tant ta conclusion ! ton texte me fait penser à celui de la chanson "Les loups" Serge Régiani" : https://www.youtube.com/watch?v=8v77VIxElwM

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  3. L'état de non-penser peut être en effet celui des tueurs.
    Mais aussi celui d'actes ou de non-actes meilleurs !
    Bien dit, bien écrit.

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