lundi 31 août 2015

Chri - Votre clair de lune

Dis donc Lulu, ton truc là, c’est pas un morceau choisi
Va falloir se remuer pour la danser la bergamasque
C’est du mou, du sans énergie, du bof, du flan quasi
Où vas-tu les trouver tes danseurs fantasques ?

Je vais te faire remonter d’en bas deux ou trois mineurs
Tu verras, ils auront l’inspiration opportune
Etre dehors leur fera un joli petit bonheur
Du genre comme quand on décroche la lune.

Ah, à l’air, au frais, en haut, ils seront beaux
Comme une immense forêt de grands arbres
Mais il faut que tu saches, ne boiront pas que de l’eau
Je les connais, ils ne resteront pas de marbre.

Où lire Chri

Ecri'turbulence - Votre clair de lune

Lettre à Claude

C'est le clair de lune que vous avez choisi,
pour composer votre suite bergamasque.
De l'Italie vous ne connaissez rien. Ou quasi,
malgré votre séjour à Rome où vous fûtes si fantasque.

Le plus grand point de votre création est joué en do mineur.
Il faut reconnaître que votre idée était opportune,
puisqu'aux mélomanes elle donne encore du bonheur
qui, en galante compagnie, badent à la lune.

Dans les académismes, vous ne trouvez rien de beau.
Vous aimez divaguer sous les arbres,
et de la mer, jouer les ressacs de l'eau.
Depuis un 25 mars vous reposez sous le marbre.

Où lire Ecri'turbulence

Vegas sur sarthe - Votre clair de lune

Sélène et les garçons





C'était à l'Opéra, je n'avais rien choisi
on y jouait Fauré, «Masques et bergamasques»
elle était devant moi, offerte, enfin quasi
la croupe ensorcelante et l'œillade fantasque

Elle avait du vécu et moi j'étais mineur,
la baignoire tordue, obscure et opportune
ainsi j'allais goûter au suprême bonheur
je voulais son jardin, elle m'offrit la lune...

Les accords dissonants sont dit-on les plus beaux
Ouverture, allegro, nous grimpâmes aux arbres
mais pour nous séparer il fallut un seau d'eau
Dans la fosse - blasé - l'orchestre était de marbre


Moralité : Un faux ré n'empêche pas le sot do


Jacou - Votre clair de lune

Clair de lune à Bergame

Bergame, en ce lieu que je n’avais point choisi,
M’arriva une aventure, que je qualifierai de bergamasque.
Si on m’avait dit, un jour, ne l’aurais point cru, ou quasi.
Car je ne suis pas d’un naturel fantasque

Au clavecin, jouant une gavotte, en la mineur,
D’effluves  à la bergamote, une senteur opportune,
Mon odorat, chatouilla de bonheur.
C’était jour de pleine lune.

Jamais, à ce jour, n’avais-je osé de rêves si beaux,
Me prit l’envie de grimper aux arbres.
Mal m’en prit, une branche cassa, me fit choir dans l’eau.
Je coulais, nageant  comme un marbre.

Nounedeb - Votre clair de lune


Le ciel était voilé et le morceau choisi
Pour la dernière danse avec les bergamasques
Au bord de la lagune : la mauresque, quasi
Sauvage, à faire tomber, d’un entrechat fantasque.

Cette « Fête galante » écrite en sol mineur
M’avait fait rencontrer une rousse opportune
Près de qui je pensais connaître le bonheur :
L’enlacer, dans une gondole, le ciel sans lune.

Avec un seul fanal, les reflets étaient beaux
La nef passait sans bruit sous la voûte des arbres
On n’entendait plus rien, pas le moindre bruit d’eau
Pas un soupir : son corps était resté de marbre.

AOC - Votre clair de lune

N’avoir jamais été choisi
Que par défaut. Se sentir chien pouilleux, bergamasque
Mais se savoir bon berger, ou quasi
Mâtiner son sérieux de quelques notes fantasques
Jouer son blues en mineur
Comme Django, et accepter la tristesse opportune
Sans laquelle le bonheur
Aurait si peu d’éclat. Faire comme la lune
Culottée de nuées, se moquer du beau
Comme du laid, jouer avec les arbres
Ne pas fondre dans l’eau
Fut-elle celle salée des larmes que n’ont pas les belles de marbre


Semaine du 31 août au 6 septembre 2015 - Votre clair de lune

N'auriez-vous pas oublié ce moment de bonheur que connaissent les rimailleurs?
Voici un moyen facile d'écrire un poème, les rimes étant toutes trouvées.
Prenez le dernier mot de chaque vers du poème de Paul Verlaine « Clair de lune » et imaginez à votre manière ce qui précède, sans obligation de compter le nombre de pieds.
Essayez de ne pas lire ou relire le poème de l'auteur pour ne pas être influencé. Voici dans l'ordre les mots à faire rimer:

choisi
bergamasque(s)
quasi
fantasque(s)

mineur
opportune
bonheur
lune

beaux
arbre(s)
eau
marbre(s)

Envoyez-nous votre poème avant dimanche 6 septembre à minuit (lune claire ou pas) à l'adresse habituelle impromptuslitteraires[at]gmail.com

dimanche 30 août 2015

Tiniak - Moments de bonheur

Ce bonheur odorant

Le clocher du quartier, grippé
ne sonne plus depuis deux jours
je glisse du rêve au velours
dans ce début de matinée

Le marché déjà bien en place
bruisse à voix basse un chant connu
de coutellerie rémoulue
lissant les harangues bonasses

Parmi les lents piétinements
plaidant leurs coutumiers négoces
distincte, légère et véloce
ta venue sonore autrement

J'ouvre ma fenêtre au bonheur
d'un bain d'épices nuancées
à quoi nos haleines mêlées
feront fête dans le quart d'heure

Le jour brûlera sa bougie
à notre amoureux carnaval
Nous en essuierons le final
au chiffon bleu de notre lit

Mais, souffrons que l'instant s'étire
avant que je t'ouvre mes bras
tandis que s'avancent tes pas
et que ce dimanche transpire

Où lire Tiniak

samedi 29 août 2015

Albiréo - Moments de bonheur

LES P'TITS BONHEURS

Les p'tits bonheurs, ça commence au matin par le cliquetis des ongles de la chienne sur le carrelage,
Tic, tic, tic,
Animal en approche, réveil sur pattes ;
Sa tête cherche ma main pour la première caresse,
Tendresse.

Puis un café chaud dans le silence,
Le jour qui entre au salon,
La lune, parfois, posée sur une branche
Dans le ciel mauve,
Contemplation.

Et la vie qui s'anime, la famille réunie,
Nos fous-rires qui explosent sous le vieux cabanon,
Un petit vin tout frais, des raviolis maison, bref, le bonheur d'être ensemble,
Gaîté d'une chanson.

Le départ vers ailleurs, le retour pour ici,
La route ensoleillée, l'odeur des foins coupés,
La balade en montagne, le torrent d'eau glacée,
Les forêts, les grands prés, la Méditerranée,
Liberté.

Et le canapé bleu quand vient le crépuscule et les fraîches soirées,
Le livre où l'on s'évade, un film à la télé,
La douce lampe rose,
Cocooning douillet.

Une étoile qui s'allume, la nuit qui s'épaissit,
Une planète qui brille, mon télescope la suit,
Mon œil à l'oculaire, plongée dans l'infini,
La conscience en éveil, j'existe, je vis...
Merci.

vendredi 28 août 2015

Gene M - Moments de bonheur

Tout d'abord; bonjour à tous et je suis très heureuse de vous retrouver (moment de bonheur).

Il suffit parfois pour embellir la vie d'apprécier à leur juste valeur ces petits moments de bonheur qui pimentent notre quotidien.

L'odeur du café et celle des tartines grillées me font oublier le pire des cauchemars.
Et lorsque le temps est clément, il est bien agréable de déguster son petit-déjeuner sur le balcon agrémenté de modestes géraniums certes, mais d'un rouge éclatant. Cela donne à ce petit moment un parfum de vacances.

La vision d'un avion qui trace son  sillon dans le ciel azur et c'est une bulle d'évasion qui éclate et nous chavire l'espace d'un instant.

A l'époque des mails et des sms, il arrive que certains irréductibles continuent à envoyer des cartes postales... Et pour moi c'est un vrai cadeau.
Attention ! je ne parle pas de la carte postée d'une main indifférente avec au dos le stupide "Bon souvenir de (et là le nom d'un patelin quelconque). Celle-la, elle mérite d'aller droit à la poubelle...

Il s'agit de la carte choisie avec soin pour le destinataire avec au dos de belles phrases destinées à partager une émotion ressentie devant un paysage ou un monument. Celles qui vous donnent envie de découvrir la lande écossaise avec son mystère ou celle qui vous envoie en rêve dans un vieux château du Lot...

Et que dire du thriller terrifiant que l'on dévore dans son lit , un soir d'orage bien à l'abri, alors que les éléments se déchaînent à l'extérieur....

Chaque journée, même la plus pourrie, cache de petits moments de bonheur, sachons les voir.

jeudi 27 août 2015

Pascal - Moments de bonheur

L’Amérique 

Après le repas du midi, j’allais courir sur la plage déserte. Ma mère m’enfonçait mon bob en éponge bleue sur la tête et je devais le garder coûte que coûte, contre jeux et oublis, contre vents et marées… Elle m’enduisait copieusement de crème solaire ; elle disait que je ressemblais à une statue dorée, à un petit homme de bronze. Je brillais comme une baguette de pain croustillante quand je m’enfuyais hors de portée de ses recommandations et de son désir de me croquer. C’était les grandes vacances, l’azur des beaux jours et les myriades de sensations mirobolantes, celles couleurs des yeux d’enfants pour tout ranger dans l’album des souvenirs les plus fabuleux.

Je retrouvais toute l’immensité de la plage ; j’avais l’Infini pour m’amuser et toute mon imagination pour l’occuper. Le sable était si brûlant que je marchais sur la pointe des pieds ! Je me maquillais les bras, la figure, les jambes, avec des restes de charbon d’un feu de camp et j’étais un indien sur le chemin du littoral. J’investissais tous les châteaux de sable, désertés par la nuit ou l’interlude du midi, et je les piétinais pour rendre la liberté à la plage. Je suivais les empreintes inconnues comme un pisteur sur le sentier de la guerre et j’avais coincé une grande plume de mouette sur mon bob. J’avais cueilli tout un stock de coquillages, tous plus rares les uns que les autres ; je les gardais dans le creux de la main comme des trésors ou des éventuelles transactions de jeux.

Maman m’avait raconté, qu’au bout du panorama, là, au bout de son doigt, c’était l’Amérique. Moi, je passais des heures à tenter d’apercevoir un morceau de terre, un gratte-ciel, un drapeau étoilé, mais la brume lointaine m’empêchait toujours de continuer ma veille curieuse. Pourtant, je distinguais des fantômes de bateaux lointains frissonnant dans l’aura diaphane de la ligne d’horizon. Ils semblaient avancer sur leurs mirages comme mus par le souffle chaud du soleil. Tantôt, ils brillaient tels des éclats de lumière suspendus sur la mer, tantôt, ils glissaient dans l’ombre projetée d’un long nuage cotonneux. Quand je les oubliais un moment, trop occupé par le vol d’un goéland ou par les arabesques d’un lointain cerf-volant, je les recherchais au bout de leur route de croisière avec mes mains calées sur le front comme des visières. J’étais content de les retrouver et j’étais un passager clandestin partant pour le grand voyage. Pendant un moment, j’avais des rêves de découvertes, des ambitions de fortune, j’étais un petit indien cherchant l’Amérique…

Forcément ébloui par les guirlandes de scintillements incessants, distrait par l’écume des vagues joufflues, préoccupé par les senteurs capiteuses, à regrets, je quittais mon poste d’observation et je marchais dans le clapot, allant de découvertes inouïes en chasses au trésor.
En levant la tête, à perte de vue, c’était la lande et ses effluves extraordinaires. Même la plus petite brindille avait son parfum précieux. Tout imbriqués, les uns avec les autres, c’était un concert d’odeurs aux effets enivrants. En inspirant profondément, je fermais les yeux, je planais et je gardais dans mes poumons tous ces trésors imprenables. Je les distillais dans l’alambic de ma mémoire olfactive toute neuve.
Au loin, l’océan semblait attendre la marée montante. Ses rouleaux s’entraînaient avec des blancheurs d’écume, comme des mouchoirs d’au revoir exaltés, des grondements d’armée en répétition de reconquête, des reflets éblouissants d’oriflammes déployés.

Sur la dune, le vent allumait des chimères inquiétantes qui couraient entre les chardons et les terriers de lapins, avec leurs inlassables valses de poussière. Souvent, je pensais qu’elles voulaient m’attraper et je m’enfuyais hors de leurs visions poursuivantes. Au hasard d’une découverte sensationnelle, c’était une caisse, un coffre au trésor, c’était une carcasse d’avion, c’était un cheval blessé, à moitié enseveli, déguisé en souche blanchie par le sel. Bien sûr, je voulais le délivrer, je voulais le chevaucher et je creusais tout autour en me pressant comme si ma vie en dépendait. A genoux, je l’apprivoisais, je lui parlais, je le caressais, je galopais, pendant tous mes travaux d’excavation…

Ça et là, des énormes méduses échouées gisaient en tas gluants ; dans le ressac, elles semblaient respirer doucement comme pour reprendre un second souffle de haute mer. Je les arrosais. Alors, sur leurs dos si lisses, c’était des miroitements d’arc-en-ciel, des déclinaisons de couleurs d’abysses, des irisations transparentes, des chatoiements de feux d’artifice. Avec un bâton, je les tapotais pour tester leur vigueur mais ce n’était que leurs bras gélatineux qui ondulaient faiblement dans l’onde descendante pour me laisser croire à un semblant de vie.

A la marée montante, de vagues vertes, en vagues bleues, l’océan se fracassait sur la plage en se déroulant comme la pellicule d’un film toujours nouveau. Je ne pouvais pas détacher mes regards de cette cavalcade d’écume brumeuse. Des langues de mer affamées embrassaient la plage en léchant les galets mais elles les poussaient sans façon quand elles repartaient dans le ressac. Des paquets d’algues mortes, aux odeurs pestilentielles, me reculaient promptement mais j’essayais toujours d’attraper des puces de mer cachées dans ces chevelures bigarrées. Quand je rentrais, j’avais la tête remplie du tempo des vagues sur la partition de la plage ; dans mon bob, j’avais entassé mes trésors de coquillages, des os de seiche et des fleurs de chardon. J’étais ivre de grand air, de sensations grandioses, de rêves rassasiés. Repu de sa journée, le soleil se baignait en rougissant, quelque part… du côté de l’Amérique…

Zoz - Moments de bonheur

~ au fond de ma poche une étoile
elle y dort depuis des lunes
je la sors parfois le soir

palpe sa ficelle

l'accroche à ma fenêtre

et ses sœurs lui donnent vie

lumière ,transparence
la nourrissent d'espace
d'infini

au matin je la reprends

l'enfouis dans ma poche

l'enterre de vêtements

de doutes ,de remords

elle navigue avec moi

au gré de l'écriture

me sert de boussole bâbord tribord ..

Nounedeb - Moments de bonheur

La sieste dans le hamac
La caresse du chat
Les ombres allongées de la lumière du soir
Le goût du chocolat
Un verre de pineau
Une huître Pousse en claires
Ou une douzaine
Un moment de tendresse
L’amitié partagée
Et puis la solitude
Et puis la solitude.


Lilousoleil - Moments de bonheur

Les yeux clairs et doux ;  elle se lève,  pose son museau sur la couette, quémande sa petite caresse. Premier bonheur du jour, indéfectible depuis cinq ans,  quelle que soit mon humeur, elle est là confiante parce qu’un jour, je suis allée la chercher dans un chenil, sauvée de l’euthanasie et  depuis gambade dans les chemins en liberté.
Le rêve peu à peu se dilue dans les effluves du café laissant s’installer le quotidien ; un regard sur la première ou la dernière fleur au jardin et  le piaillement de la petite mésange bleue qui, demi apprivoisée squatte le rebord de la fenêtre.
Les enfants ou petits enfants appelleront-ils ? Les chicoufs comme on les appelle ; chic ils arrivent et ouf ils partent !
Le polar commencé hier au soir devra attendre le dernier moment de la journée pour que de nouveau l’effleurement de sa première de couverture redonne le frisson.

Et pourquoi ne pas fredonner cette magnifique chanson !

Où lire Lilou

mercredi 26 août 2015

Sebarjo - Moments de bonheur

Souvenirs du caveau des Oubliettes

Un joli soir de printemps, nous flânions, ma femme et moi, dans le quartier latin non pas, pour se restaurer dans un des innombrables petits grecs de la rue de la Huchette que nous avions l'habitude de fréquenter au petit bonheur la chance, ni même pour rejoindre les quais branlants et Branly de la Seine pour farfouiller dans les caisses vertes des bouquinistes, ni encore moins pour assister - tant qu'il en était encore temps ! -  à la énième représentation de la Cantatrice chauve... mais pour nous rebiffer dans un petit cave...

Dans notre sage errance, nous admirions le soleil couchant qui projetait les ombres bossues des nuages sur les tours de Notre-Dame et repiquions vers la rue Saint-Séverin, pour nous enfoncer dans les ténèbres en rejoignant galamment la rue Galande. Puis, comme pour exécuter une descente de clavier, nous empruntâmes gaiement quelques marches en pierre de taille, recouvertes d'une épaisseur de poussière (de taille également !), pour nous terrer dans un caveau dont je me souviendrai : le Caveau des oubliettes. Il y régnait une obscurité claire étonnante en cet endroit qui fut pourtant jadis un haut lieu de supplices !

Il y avait déjà foule et la bière coulait à flots. Les demis se vidaient en entier, le coca noyait les whiskies. La température montait peu à peu et la fraîcheur originelle de ce trou de gruyère parisien s'évanouissait. Des gitanes sans filtres, des blondes anglo-saxonnes aseptisées et des pétards éclatants dessinaient leurs volutes avec fantaisie derrière les lumières tamisées. On se préparait. Ce soir, ça allait joliment swinguer. Un trio d'enfer, deux guitares et une basse. Du jazz manouche, du vrai, digne de Django, qui t'fout les poils comme le chante Sanseverino. En effet, avec une certaine impatience délicieuse, on attendait Moreno et ses deux acolytes, Gus à la contrebasse et Nono (Reinhardt !) à la pompe (battement sur gratte à exécuter droit dans ses godillots). Moreno... un sacré michto. Un rom, un gitan, un manouche... fils spirituel de Tchan Tchou , Tchavolo et Dorado, frère d'Angelo, Tonino y otro...

Un léger brouhaha s'amplifiait au fil des minutes et des pintes sifflées... Quand soudain, comme d'un commun accord, le public retint son souffle le temps d'une imperceptible et infime seconde, pour finalement exploser dans un tonnerre d'applaudissements. Moreno entrait sur scène, suivis de Gus et Nono. Comme dans une grande caresse, il prit sa guitare sur ses genoux et un deux trois quatre, un deux trois quatre... Retentit alors l'introduction à la contrebasse de Minor swing puis comme à l'unisson, la déferlante des premiers accords mineur joués par les deux guitares et là...les notes devinrent majeures... Ce fut un régal, un vrai festival ! S'ensuivirent la terrible Daphné, le fameux Swing with Django, l'incontournable Nuages, l'anthologique Djangology ... et j'en passe !

Je me souviens également qu'en plein chorus sur Swing 42, Moreno a cassé une corde et a continué à jouer comme si de rien n'était, improvisant un peu plus encore. Quelle leçon de maîtrise ! Même en jouant sur la corde raide, le guitariste de jazz manouche doit savoir garder son calme et continuer à swinguer !


Un peu après minuit, nous avons attrapé de justesse le dernier métro. Bercé par les grincements des roues de la ligne 7 sur les rails aiguillés, j'ai posé ma tête sur l'épaule de ma femme et ma main sur son ventre où somnolait mon fils... Et tout en contre-plongeant mon regard béat vers le plafond, je pensais que, grâce à cette explosion de vie et de joie, s'il n'en avait pas plus tard à l'école, mon fils avait déjà plusieurs dizaines de bonnes notes en lui...

Chri - Moments de bonheur

Mes ptites secondes…

Dans les périodes de disette de Grands Moments, on peut se rattacher à ces petites secondes qui ne changent rien mais qui changent tout sur l’instant, ces petites secondes qui font la vie plus douce et le moment plus intense :

Quand on sort d’un supermarché et que, comme d’habitude, on a oublié de prendre un sac pour y mettre ce qu’on a acheté, que dans le berceau de nos bras tout tient en équilibre précaire, l’instant où tout va s’écrouler sur le parking et qu’on réussit en un geste à tout rattraper… Et même si on sait bien que dans les secondes qui suivent, on va arriver  à la voiture, et qu’alors il faudra bien en trouver les clefs, enfouies au plus profond d’une de nos poches. Laquelle ?…
Quand dans un train de nuit, on se réveille  dans une gare inconnue, qu’on écarte légèrement le rideau du compartiment, juste pour voir où on en est du voyage…
Quand on a acheté au petit bonheur la chance une housse de couette, qu’on l’installe et qu’elle s’adapte pile poil exactement, ce qui est assez rare, à la couette…
Quand, dans le noir, on tente de glisser au jugé, une clé  dans une serrure et qu’elle y rentre, droit, sans se rebeller…
Quand dans une queue de supermarché on croise le regard d’un nourrisson jovial, bouddha définitif et qu’il vous envoie un sourire à décrocher les galaxies…
Quand, dans un matin de brumes on laisse tomber le tube dentifrice au sol ET qu’on ne marche pas dessus…
L’instant où l’on  se glisse dans des draps propres suivi de celui où l’on pose ses lunettes après avoir lu et qu’on éteint la lumière…
Quand sur le quai d’une gare, on vient chercher un être cher, les secondes où le train est annoncé, puis entre en gare, jusqu’au moment où il s’arrête…L’autre est là, quelque part dans la foule qui sort des voitures…
Le premier passage d’une lame de rasoir neuve sur une joue poilue…
Quand après une longue balade en montagne où l’on a pas mal souffert à cause de la raideur de la pente et de toutes ces cigarettes qu’on n’aurait pas dû fumer, l’instant où l’on s’arrête et pose son sac dans l’herbe humide…
Les secondes où l’on se réveille dans la nuit et qu’on regarde l’heure et qu’il en reste cinq à dormir…
Quand on sort d’un restaurant bruyant où l’on a passé trop de temps, les premières secondes de silence sur le trottoir désert avant de se mettre en route vers la voiture pour rentrer chez soi…
Après le dernier bain de l’année, le moment où l’on se sèche, quand on sait que le prochain sera au mieux dans une année presque complète…
À l’ouverture d’une bouteille de vin, le moment où l’on sent que le bouchon va céder voire se briser en deux puis finalement décide de sortir entièrement avec un joli bruit en prime...
Quand dans le noir d’une salle de cinéma on sent les larmes monter et qu’on les laisse filer sur la joue, certain de n’être vu de personne d’autre que de soi…
Quand on vient de courir trois heures dans une banlieue moche à la recherche d’un sac aspirateur introuvable, qu’on en ramène un paquet, l’installe, appuie sur l’interrupteur de l’engin, pose l’embout sur une poussière et qu’elle DISPARAIT, avalée goulûment…
Après une brûlante journée d’été, lorsqu’un orage éclate, les premières bouffées d’odeurs tièdes qui montent du sol…
Ces secondes où l’on consulte son compte bancaire en début de mois et que le solde est ENCORE positif.
Décacheter une lettre reçue le matin en lire les premiers mots quand est écrit : « Mon bel amour ». Ne jamais lire la suite, il arrive que cela se gâte.
Prendre une saison chaude, une fin de belle journée, une plage des Landes, une compagnie souhaitée, une paire de doigts, un poulet grillé, une bouteille de bon vin, deux verres ballons, attendre l’heure du coucher du soleil, se sécher du dernier bain, changer de maillot (pour ne pas garder l’humide sur soi) enfiler un vieux pull de coton, s’installer sur le sable… Manger et boire en regardant le ciel… L’autre à ses côtés.
Se réveiller le matin et s’apercevoir qu’on n’a mal nulle part. Sortir d’un vilain cauchemar et se rendre compte que c’en était un…
Ces moments, lors d’une réunion professionnelle où on croise un regard et on y lit tout ce qui n’est pas dit, tout ce qui ne doit pas se dire et qu’on sait que l’autre a lu la même chose dans vos yeux. Le sourire qui s’ensuit.
Les toutes premières secondes où notre main se pose sur une peau encore inconnue et les vibrations qu’elle y sent, qui nous font chavirer, tout entier…
Ce moment dans le cabinet d'un médecin où l’on entend l’adjectif : banal.
Voir une araignée repoussante dans la maison, passer au-delà de sa peur, l’attraper, la mettre dehors et la regarder s’enfuir. Entendre en mars les dialogues amoureux des crapauds habiter les soirées, enfin entièdies.
Vivre la dernière centaine  de mètres d’une sortie difficile où l’on a maltraité ses mollets, son souffle, son cœur, ses fesses, ses cuisses et savoir que, dans quelques secondes, toute cette souffrance va s’arrêter.
Ces secondes où les pleurs d’un enfant s’apaisent au creux de vos bras, que le sommeil s’en empare et que sa peine s’en enfuit.
L’instant précis où, dans un livre, on tombe sur une phrase qui exprime exactement ce qu’on sent vrai depuis longtemps mais qu’on n'arrivait pas à dire. Absolument.
Quand on vient d’écrire une page à propos des petites secondes, qu’on en arrive à poser le dernier des trois points de suspension…mais qu’on sait qu’il y en a des milliers d’autres… de petites secondes…

mardi 25 août 2015

Pivoine - Moments de bonheur

Petits moments et grands mots de bonheur 


 

Le chat qui ronronne sur ma couette (blanc rosé pêche et se pourlèche)
Les mots de bonheur et de couleur tant de moments
Et la Sensero me verse mon café du midi
L'historique du jour de mon amie Jeanne
Les bonjour les salut les comment vas-tu
Le coup de téléphone de l'amie Rose
Les mots qui se pressent au bout des doigts
Les mots emprisonnés dans ma tête et mes yeux
Le grand vent dans les arbres au bord du canal
L'envie d'aller prendre un thé avenue de la Toison d'Or
Le tram qui brinquebale dans l'avenue Louise
Bruxelles au temps de l'omnibus 33
Ce qui musique aux portées de rails
Tel un Apollinaire
Le poète et l'homme aux semelles d'Aden
Le cabaret vert et son jambon rose
Et sa bière froide près de Charleroi
Le champagne devant la basilique et l'ange qui sourit
Saint-Rémi, vague verte et silencieuse
Abbatiale tranquille
Tranquille chemin des Dames où l'ypérite s'est dissoute
100 ans de paix 100 ans de peur 100 de vingtième siècle
Une année que je recommencerais bien, oui,
L'année de la robe rouge et de la couleur verte
Une concordance de temps et de biorythmes
Une phrase de Cocteau "dix ans d'absence, dix ans d'amour..."
Dix ans Cent ans
le Temps
Ce vain défi aux bonnes heures
Je rêve ou
Est-ce que je raconte à peu près toujours la même chanson ?

Clémence - Moments de bonheur


Version été

Se lever, vivre, se réjouir de la beauté du paysage.
Une à une, les mille petites tâches routinières, la routine a du bon, l'esprit est libre.
Les senteurs et les arômes se mêlent
Les abeilles bruissent dans le vent léger
Les fleurs s'élancent, se courbent ou se balancent.
Le soleil explose, l'heure de la sieste arrive
Les instants divins…  
Pas trop de soleil, pas trop d'ombre, juste un filet de vent
Le bercement du hamac
La jouissance
Ecouter, rêver

Version automne

Se lever, vivre, se réjouir de la beauté du paysage.
Une à une, les mille petites tâches routinières, la routine a du bon, l'esprit est libre.
Les senteurs et les arômes se mêlent
Feuilles jaunies ou racornies
Terres mouillées encore chaudes
Le soleil  se languit, midi est encore royal
Les abeilles s'agitent, les fleurs s'endorment
La nature s'assoupit
L'heure de la pause
Au soleil, à l'abri du vent
S'évader avec un café serré
Sentir les picotements sur la peau
La jouissance
Ecouter, rêver

Version hiver

Se lever, vivre, se réjouir de la beauté du paysage.
Une à une, les mille petites tâches routinières, la routine a du bon, l'esprit est libre.
Les senteurs et les arômes se mêlent
Les feuilles se sont envolées
Les parterres sont nettoyés
Les abeilles désespérées
Moineaux et tourterelles viennent picorer
La terre se durcit, les chênes verts résistent
L'âtre est rayonnant et l'astre du jour un peu moins
Attendre l'instant le plus chaud
Profiter de la lumière blanche et des rayons dorés
Un grog, le soir est arrivé
Sentir la chaleur m'envahir
La jouissance
Ecouter, rêver

Version printemps

Se lever, vivre, se réjouir de la beauté du paysage.
Une à une, les mille petites tâches routinières, la routine a du bon, l'esprit est libre.
Les senteurs et les arômes se mêlent
Coups de balai et coups de fraîcheur
Secouent les dernières torpeurs
Fleurs blanches et verts tendres
Envie de réveiller la terre, découvrir ses secrets
Oubli du froid, promesse de chaleur
Table et fauteuils au soleil
Tout engloutir, ne rien perdre
Ni le temps, ni le soleil
Etendre les jambes
Regarder
Ecouter
Rêver

Tant de moments de bonheurs sont à venir….