Plume aux vents
Il
était une plume à la main rageuse d'un poseur de mots sans talent qui, se
croyant écrivain, écrivait, mais n'écrivait que des écrits vains que nul autre
que lui ne lisait.
Inlassable malgré son
pauvre trait, celui-ci griffonnait des mots enfiévrés qu'il biffait aussitôt ;
et la plume au supplice se rappelait l'aile des oies, le vertige des airs et le
souffle des vents qu'elle connut autrefois.
Et sous la triste
poussière du bureau sans luxe, la souillure du flot noir et l'incessante
flexion de sa pointe sous le doigt brutal, la malheureuse diluait de ses pleurs
une encre toujours plus claire - que le traceur impénitent renouvelait surpris.
Un jour par la fenêtre ouverte, saisi de pitié, un vent de sud qui passait l'emmena compatissant vers les contrées bénies où, dit-on, les mots ne s'écrivent pas ; et la plume, enfin apaisée, connut le bonheur à jamais.
Un jour par la fenêtre ouverte, saisi de pitié, un vent de sud qui passait l'emmena compatissant vers les contrées bénies où, dit-on, les mots ne s'écrivent pas ; et la plume, enfin apaisée, connut le bonheur à jamais.
Aussi vous qui voyez, baignant à l'encre immonde ou sur le trottoir des villes abandonnée une plume pleurer, d'une main généreuse et délicate, déposez-la sur l'aile du vent.
Il fallait un poète pour écrire ce conte charmant... c'est fait
RépondreSupprimerOn ne sait plus rien aujourd'hui du tourment des plumes... alors que, je le crois, stylos et claviers auraient aussi leur mot à dire.
SupprimerMagnifique ! Jean-Claude tu es trop fort !!!
RépondreSupprimerMerci Michel de venir jusqu'ici, et merci pour ton commentaire.
Supprimerun peu d'inspiration en ce moment, j'en profite ...
JC
Beau symbole de légèreté et de liberté que l'image de la plume emportée par les vents.
RépondreSupprimerMerci Daniel, c'est ce que j'ai essayé de traduire, heureux que ça soit perçu.
SupprimerLe vent, c'est la clé : ne pas craindre de se le prendre en tenant de l'insuffler ;)
RépondreSupprimerIl est libre le vent, tous les oiseaux vous le diront !
SupprimerLéger et puissant, quel talent.
RépondreSupprimerDavid Paillous
Merci beaucoup David !
SupprimerQuelques mots, qui se sont rencontrés...au gré du vent d'autan.
JC
Superbe ! Très poétique, philosophique aussi. Fait passer un petit vent frais dans la tête.
RépondreSupprimerMerci beaucoup, Lira, pour ce petit vent frais.
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