dimanche 28 juin 2015

Fred Mili - On recommence

Mia passa quelques temps à l'hôpital après son l'agression de Fred. Elle eut le temps de réfléchir. Elle fut prise en charge par un urgentiste compétent qui fit des prouesses. Une légère chirurgie esthétique et son corps résorba les marques des coups de cutter.
Lorsque la police lui apprit que Matt était mort carbonisé dans l'incendie de la vieille bâtisse, mille et une questions l’effleurèrent. Son imagination travaillait à la vitesse de la lumière, écouter en même temps Groovy un LP de Chet Baker la stimulait mais elle ne comprenait pas pour autant les motivations de cet incident.
Fred était à l'hôpital psychiatrique. L'enquête conclut à l'homicide volontaire mais le jeune homme retrouvé dans le cercueil de son ami Vince perdit la raison. Les experts plaidèrent l'irresponsabilité, il fut enfermé dans un asile psychiatrique, gavé de neuroleptique au cas où l'envie lui prendrait de récidiver.
Mia criait vengeance, Fred l'avait mutilée et tué Matt. Elle retrouva sa trace par hasard. Le médecin chef refusa de lui accorder un permis de visite dans un premier temps puis finit par lui délivrer une autorisation.
La première fois qu'elle le vit dans cette espèce de tenue informe particulière aux aliénés elle eut presque pitié de lui. Sa tête dodelinait comme un métronome marquant le tempo, il murmurait quelque chose qu'elle ne comprenait pas. C'est en s'approchant qu'elle reconnut les mots qu'il répétait inlassablement "I'm so lucky to be loving you." tout droit sorti d'un morceau de Chet.
L'émotion la saisit , une larme coula même mettant son rimmel à rude épreuve. Il connaissait sa passion pour le trompettiste et malgré son état essayait de communiquer.
Pourquoi ?
Fred l'avait agressée. Il avait sans aucun doute trucidé Matt. Bien sûr qu'elle lui en voulait, qu'elle le détestait mais le voir dans cet état la peinait. La dualité de ses sentiments la troublait.
Au fur et à mesure de ses visites, elle sentit l'agitation du garçon. Si elle n'en eut pas conscience auparavant, elle comprit enfin qu'il était amoureux d'elle. Cependant cette découverte n'excusait rien.
Seuls au fond du parc, elle se livra à lui derrière le grand chêne, justicière sans doute moins équitable que Saint-Louis. C'est là qu'elle comprit que son propre corps le réclamait depuis longtemps.
Elle aimait à voir ses yeux se révulser. En proie aux tranquillisants, il la désirait néanmoins pour preuve son enthousiasme à provoquer ses attentions.
Le médecin chef de l'hôpital s’étonnait des progrès de son patient sans les expliquer. Et ce n'était ni Mia qui allait épiloguer ni Fred incapable de mettre des mots sur ses sensations.
Dans un premier temps les conclusions du médecin semblaient de bon augure. La santé de Fred s'améliorait, il lui semblait évident que Mia en était l'auteure. Puis s'ensuivirent fièvres, céphalées, douleurs musculaires ou rougeurs que personne ne détecta. Même Fred sous médicaments ne réagit pas à ces changements.
Mia continuait ses visites, entretenait ses relations intimes avec lui, parfois avec des larmes plein les yeux. Elle se donnait avec dévotion, il la possédait avec amour.
Les symptômes d'une maladie quelconque disparurent. Fred était enthousiaste aux visites de celle qu'il vénérait depuis toujours.
C'est lors de son hospitalisation qu'elle sût qu'elle était séropositive. Elle reconnût les premiers symptômes sur Fred, fière de sa vengeance elle pouvait enfin disparaître, sans regret, sans émotion. La nature ferait son œuvre.
Lorsqu'elle quitta l'hôpital ce jour-là les écouteurs du smartphone sur les oreilles, la mélancolie de Kind of blue de Miles Davis la submergeât.

2 commentaires:

  1. Peut-on souhaiter ce genre de vengeance à quelqu'un?

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    Réponses
    1. Bien sûr que non !
      J'étais dans la démesure au 1er épisode , je n'avais pas d'autres choix que d'amplifier, elle ne pouvait pas pardonner.

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