mardi 23 juin 2015

Clémence - On recommence




Une vengeance à l'insu de mon plein gré….

Premier récit : la vengeance.

Toute ressemblance avec des personnes ou des situations réelles ou ayant existé est volontaire et dépendante de ma volonté.
Deuxième récit : la vengeance à l'insu de mon plein gré.

Toute ressemblance avec des personnes ou des situations réelles est fortuite et indépendante de ma volonté.

Deux années plus tard, Paulette D., mon ex-chef, se retrouva en ma présence. Je la vis s'avancer vers moi et me dire :

« Je comprends le mal que je t'ai fait car je .... »

J'étais sur le point de l'interrompre et de lui répondre : « Pas grave, c'est oublié », mais les mots me restèrent dans la gorge. Je me contentai de sourire en guise de vengeance.
Paulette en fut déconcertée car elle s'attendait à tout, sauf à mon sourire !
Et pourtant, la vengeance couvait dangereusement sans qu'elle ni moi ne le sachions.

Nous étions toujours dans l'active. Dans des secteurs différents, certes, mais lors d'audits, de rapports généraux ou d'autres joyeusetés administratives, nous nous retrouvions aux mêmes réunions. Elles étaient un terrain  propice aux rencontres diverses et multiples ainsi qu'au foisonnement de commentaires et allusions en tous genres.

Lors d'un brunch où je fus conviée, j'entendis par inadvertance, des propos désobligeants concernant mon ex-chef. Celle-ci agressait et tançait de plus en plus fréquemment  ses  collègues. Les souvenirs se ravivèrent. J'éprouvai de l'empathie pour mes collègues malmenées, surtout les plus jeunes. La tentation fut grande de sauter à pieds joints sur cette occasion car, je devais bien le reconnaître, j'étais un  brin vindicative. Mais non. Je me gardai d'intervenir de quelque façon que ce soit auprès de mes collègues.

Un soir, en regardant une de mes séries télévisées addictives, une idée me vint à l'esprit.….J'allais tout simplement  déstabiliser Paulette. Lui rendre  la monnaie de sa pièce. Et, en un mot comme en cent, la dénigrer.

Je commençai sur le mode sourire. Lorsqu'on évoquait Paulette  D. ou une de ses activités, je levais les yeux au ciel,, souriais ou hochais la tête….

J'accélérai ma stratégie en ponctuant les commentaires de quelques soupirs déchirants ou d’exclamations souffreteuses.

Dernière étape, je passai franchement  à la vitesse supérieure. Je distillai des commentaires ambigus :
- Il semblerait qu'elle soit en bon terme avec P.
- Je l'ai vue en grande discussion avec A.
- Ceux deux là font bien la paire…
Ragots pas bien méchants...mais probablement suffisants pour épicer  une conversation ou la rendre croustillante !

Je m'arrangeai également pour hausser la voix lorsque certaines oreilles passaient à proximité. J’étais certaine que mes propos seraient répétés, transformés et amplifiés. Je pensais que la vengeance serait à l'image d'un soufflé qui ferait  grand bruit et retomberait aussitôt. Des commérages qui rejoindraient vite la poubelle,  vu l'absence de véracité !

La réalité allait se révéler bientôt toute différente et sans que j'en fusse l'instigatrice.
Moi qui croyais qu'avec un sourire, un soupir et  trois petites phrases, j'allais mettre un point final à ma triste aventure, je fus sidérée  par la tournure des événements.

Une  rumeur sombre naquit, venue d'une autre source. Elle concernait P. et A., les deux collègues de Paulette et elle-même. Il était question d'argent. La situation semblait au départ assez anodine, bien que gênante pour la profession. Elle s'avéra bientôt gravissime.

Au fil des jours et des semaines, les langues se délièrent, les témoignages se multiplièrent. Une enquête fut ouverte à l'encontre de ce trio.

Ailleurs, une  machine infernale s'était emballée. Les actions s'enchaînaient les unes aux autres à une vitesse inouïe. Les dossiers gonflaient à vue d’œil. Les conclusions s'annonçaient à court terme.
La sanction fut terrible. Paulette P. et ses deux collègues A. et P. furent frappés d'exclusion définitive du Service.
L'affaire « PAP » fit grand bruit...


Moralité :

Qui veut se venger par personne interposée, peut s'attendre à être dévoré par les siens.



3 commentaires:

  1. Je connaissais l'affaire "PIP" où l'on pouvait s'attendre à être dévorée par les seins... mais celle-ci est autant instructive :)

    RépondreSupprimer
  2. Insidieuse férocité que celle qui se transmet à voix basse...

    RépondreSupprimer

Les commentaires sont précieux. Nous chercherons toujours à favoriser ces échanges et leur bienveillance.

Si vous n'avez pas de site personnel, ni de compte Blogger, vous pouvez tout à fait commenter en cochant l'option "Nom/URL".
Il vous faut pour cela écrire votre pseudo dans "Nom", cliquer sur "Continuer", saisir votre commentaire, puis cliquer sur "Publier".