mardi 31 mars 2015

Jacou - Week-end de bricolage

Pan sur les doigts.

«  Passe-moi le marteau. »
« Tu l’as laissé où ? »
«  Là, juste derrière toi. »

Je saisis le marteau. Pour cela, il faut que je lâche l’échelle, celle que l’on a voulu brûler cent fois, parce qu’elle a un pied trop court, qu’il lui manque trois barreaux, rafistolés avec du fil de fer ; qu’elle est appuyée sur le bord du toit qui a une gouttière qui fuit…pas colmatée, parce que quand il pleut, c’est pratique de récolter l’eau de pluie, ça fait des économies.

Voilà Jeannot, accroché à la gouttière, tentant de se rétablir, mais son autre pied est retenu par les barreaux de l’échelle.
C’est à ce moment-là, qu’on sonne à la porte. C’est le voisin : «  Madame Joulard. Comment avez-vous deviné ? J’ai justement besoin d’un marteau. Merci. Je vous le rapporte de suite. »
On resonne. Le voisin; « Il s’y connaît en horloge, votre mari ? J’arrive pas à avancer l’heure. »
Pendant ce temps, Jeannot a réussi à se débarrasser de l’échelle ; rampe sur le toit glissant, tellement il a plu et il pleut encore.
« C’est vrai, c’est cette nuit qu’on change d’heure. »
A ce moment-là, on entend : « Janine, redresse l’échelle. »
«  Jeannot, le voisin voudrait savoir si tu t’y connais en horloge. »
«  Pas le temps ! Surtout que cette nuit, on va perdre une heure. »
« Désolée, monsieur. Il ne peut pas maintenant. »
Je veux redresser l’échelle. Elle ressemble à un pantin désarticulé.
« Jeannot, ya l’échelle qui est fichue. »
« Va emprunter celle du voisin. »
La voisine ouvre.
«  C’est moi, pourriez-vous me prêter votre échelle ? »
« Désolée, je n’en ai pas. »
« Jeannot, ils en ont pas. Je te fais la courte échelle ? »
« … »
«  Jeannot, ça va ? »
Voilà qu’il dégringole, se redresse tant bien que mal.
« Appelle police secours. »
«  Tu n’as rien de cassé ! » lui dis-je après avoir entrepris de le brosser, tâter, palper, partout.
«  Vite, je te dis. C’est pas moi ! C’est à côté. L’horloge, elle saigne ! »
« C’est rien, tu as eu peur quand l’échelle est tombée. C’est juste une hallucination !»
« Je suis pas fou ! Je te dis que l’horloge saigne ! »
Je resonne chez les voisins.
La voisine ouvre, un marteau à la main, toute souriante : « Vous venez chercher votre marteau. Merci, il nous a bien rendu service. »
« Votre mari a pu arranger l’horloge, comme il voulait ? »
« Oui, oui, merci beaucoup. »

« On devrait tout de même appeler les pompiers. »
«  Les pompiers, maintenant ? Tu as mal vu, il y avait la pluie.»
« Tu as sans doute raison.


Dans la nuit, je me réveille, en sueur
« Jeannot, réveille-toi ! »
« Si c’est pour avancer l’heure, ça peut attendre. On n’est pas obligé de le faire à deux heures du matin. »
« C’est pas ça, je viens de me rappeler que la voisine avait des gants ! »


3 commentaires:

  1. J'aurais pu rire plus fort si je n'étais tombé moi-même du toit il y a quinze jours!
    J'ai bien noté quelques belles expressions comme prendre des gants ou remettre les pendules à l'heure :)

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  2. tout ceci est des plus étranges et mériterait une enquête des plus approfondie :)

    j'aime bien ta façon d'amener tout ça, l'air de pas y toucher, à la burlesque

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  3. L'Arpenteur d'étoiles2 avril 2015 à 21:51

    c'est un vrai script de film burlesque, ce texte ; burlesque et policier. Mort de rire (forcément :o))

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