mardi 31 mars 2015

Plume Vive - Week-end de bricolage

Deux mois que je le tannais avec cette histoire d'étagères, forcément, il a bien dû s'y mettre hier ! Premier week-end de libre depuis notre retour de vacances, c'était le moment idéal. Alors oui, égalité hommes-femmes, tout ça, mais… non ! Je ne mettrai la main sur une perceuse pour rien au monde, trop peur de les abîmer et de ne plus pouvoir jouer de mon très cher piano. Seulement, tenir la planche, récupérer les vis et les ajuster dans les équerres, tout en faisant attention à ne pas tomber, la tâche en solitaire était ardue. J'ai donc été mise à contribution, contre mon gré.

Jouer les petites mains ne me passionnait guère. Alors j'ai commencé à jouer. Jouer avec tout ce qui me passait devant les yeux, sous la main, par la tête… Tout d'abord, l'un de mes index a farfouillé dans les clous, vis, rivets et boulons de la caisse béant à nos pieds, seul objet à proximité. Puis je les ai triés. J'ai fini par m'ennuyer de rester si sage, n'étant sollicitée que pour tenir un outil ou faire le coursier statique des pièces métalliques de fixation. Une moue exaspérée sur le visage, mes pensées se sont éclipsées loin, bien loin de la bibliothèque, et finir par s'évader vers la chambre à coucher.

Des envies extrêmement éloignées de notre activité du moment ont envahi mon cerveau. Difficile de me concentrer, malgré la simplicité évidente de mon rôle dans le montage de nos étagères. Même la perspective d'enfin pouvoir retrouver mes livres encore en cartons n'arrivait pas à calmer les visions, plus qu'équivoques, qui défilaient à toute allure dans mon esprit. Le croissant de peau que son t-shirt laissait entrevoir à chacun de ses mouvements, juste à hauteur de mes yeux, livrant ainsi les poils de son ventre à mon imagination déjà fertile, n'a absolument pas arrangé les choses !

Un mélange étrange s'est produit dans mes rêveries, bricolage et luxure étroitement liés, et contre toute attente, loin d'être incongrus une fois réunis. Une main tenant fermement une vis, laquelle parcourait de sa pointe l'un de mes seins, provoquant une intense chair de poule, autant alimentée par le contact froid du métal que par l'éventualité d'une minuscule griffure sur ma peau. Un mètre-ruban devenu souple pour les besoins de mon fantasme, jouant délicatement dans mes cheveux longs. Un gant épais et rugueux frottant ma cuisse nue… Assez ! D'une main ferme, j'ai attrapé la sienne, l'ai fait descendre de son escabeau puis l'ai entraîné, sans un mot, sans un regard, vers la chambre.

Je n'aime pas bricoler. Pas les étagères d'une bibliothèque en tous cas.

l'Oiseau - Week-end de bricolage

Fracas de métal contre du métal. Bois qui se déchire. Fer qui pénètre. Les clous s’enfoncent un à un dans les grandes planches de bois blanc. Chaque coup sonne comme le tic-tac d’une horloge colossale et inquiétante. Je suis toujours très régulier quand je frappe. Des années d’expérience, que j’ai… Mes mains s’arrêtent un instant et mes yeux les fixent comme pour leur demander « Alors, on fatigue ? ». Elles leurs répondent en exhibant leurs cals, leurs plaies, leurs rides et une ligne de vie semblant s’étendre sur toute ma large paume. « Non, on ne fatigue pas. On prend notre temps, on en a encore. »
Je remonte mes manches, m’essuie le front et maudit le soleil. L’astre narquois et brûlant qui crame notre patelin, qui assèche nos récoltes, qui fait s’évaporer notre eau. Je déglutis pourtant avec aise. Là encore, l’expérience fait son œuvre. On apprend à vivre avec le désert, et on apprend à survivre sans eau, sans nourriture, juste avec le soleil et ce vent sec et chaud.

On apprend à survivre avec le bruit des balles qui sifflent à la sortie de l’église, le dimanche.

Et je poursuis mon œuvre. Marteau à la main, j’assomme les clous qui éventrent de leur pointe le tendre bouleau. Un bois rare ici… Sa senteur douceâtre me rappelle les grandioses forêts d’Europe et leur fraicheur humide, leur odeur d’humus, leurs oiseaux et leur gibier.
M’interrompant à nouveau je caresse la planche devant moi et profite de son contact rugueux qui me ramène à la réalité. Voilà mon quotidien : de la sécheresse et de la rugosité. De l’âpre et du raide. Je saisis la bouteille posée à côté de moi et en bois une gorgée timide. Âpre et raide, oui. Même plusieurs vies d’expérience ne peuvent t’habituer à ça… Ce goût infect d’alcool frelaté à la poudre et à la sueur. Je crache pour me rincer la bouche, regrettant déjà la disparition de ces quelques gouttes de liquide hors de mon corps.

Je respire et reprend. Il faut que je termine. La cloche de l’église sonne déjà, la messe s’achève. Et quand le dernier écho de cuivre a disparu, ce sont les éperons qui entonnent leur cantique. La poussière se soulève, disparait dans des pans de manteau. Sous des chapeaux à larges bords, des yeux noirs fixent d’autres cache-poussières et d’autres yeux noirs, cachés sous des chapeaux à large bords. Et les éperons s’arrêtent pour laisser place au silence qui précède le bouquet final. J’enfonce le dernier clou quand fuse la première balle. Pose mon ouvrage contre un mur quand tombe le premier corps. Vais chercher d’autres planches car demain, inlassablement, à la même heure, un nouveau corps viendra occuper un nouveau cercueil que je pourvoirai.

Avalant une seconde gorgée de l’immonde breuvage je soupire, contemple mes mains et cette ligne de vie infinie. Et reprennent les coups sur les clous, les clous dans le bois et les balles dans la chair.

Jacou - Week-end de bricolage

Pan sur les doigts.

«  Passe-moi le marteau. »
« Tu l’as laissé où ? »
«  Là, juste derrière toi. »

Je saisis le marteau. Pour cela, il faut que je lâche l’échelle, celle que l’on a voulu brûler cent fois, parce qu’elle a un pied trop court, qu’il lui manque trois barreaux, rafistolés avec du fil de fer ; qu’elle est appuyée sur le bord du toit qui a une gouttière qui fuit…pas colmatée, parce que quand il pleut, c’est pratique de récolter l’eau de pluie, ça fait des économies.

Voilà Jeannot, accroché à la gouttière, tentant de se rétablir, mais son autre pied est retenu par les barreaux de l’échelle.
C’est à ce moment-là, qu’on sonne à la porte. C’est le voisin : «  Madame Joulard. Comment avez-vous deviné ? J’ai justement besoin d’un marteau. Merci. Je vous le rapporte de suite. »
On resonne. Le voisin; « Il s’y connaît en horloge, votre mari ? J’arrive pas à avancer l’heure. »
Pendant ce temps, Jeannot a réussi à se débarrasser de l’échelle ; rampe sur le toit glissant, tellement il a plu et il pleut encore.
« C’est vrai, c’est cette nuit qu’on change d’heure. »
A ce moment-là, on entend : « Janine, redresse l’échelle. »
«  Jeannot, le voisin voudrait savoir si tu t’y connais en horloge. »
«  Pas le temps ! Surtout que cette nuit, on va perdre une heure. »
« Désolée, monsieur. Il ne peut pas maintenant. »
Je veux redresser l’échelle. Elle ressemble à un pantin désarticulé.
« Jeannot, ya l’échelle qui est fichue. »
« Va emprunter celle du voisin. »
La voisine ouvre.
«  C’est moi, pourriez-vous me prêter votre échelle ? »
« Désolée, je n’en ai pas. »
« Jeannot, ils en ont pas. Je te fais la courte échelle ? »
« … »
«  Jeannot, ça va ? »
Voilà qu’il dégringole, se redresse tant bien que mal.
« Appelle police secours. »
«  Tu n’as rien de cassé ! » lui dis-je après avoir entrepris de le brosser, tâter, palper, partout.
«  Vite, je te dis. C’est pas moi ! C’est à côté. L’horloge, elle saigne ! »
« C’est rien, tu as eu peur quand l’échelle est tombée. C’est juste une hallucination !»
« Je suis pas fou ! Je te dis que l’horloge saigne ! »
Je resonne chez les voisins.
La voisine ouvre, un marteau à la main, toute souriante : « Vous venez chercher votre marteau. Merci, il nous a bien rendu service. »
« Votre mari a pu arranger l’horloge, comme il voulait ? »
« Oui, oui, merci beaucoup. »

« On devrait tout de même appeler les pompiers. »
«  Les pompiers, maintenant ? Tu as mal vu, il y avait la pluie.»
« Tu as sans doute raison.


Dans la nuit, je me réveille, en sueur
« Jeannot, réveille-toi ! »
« Si c’est pour avancer l’heure, ça peut attendre. On n’est pas obligé de le faire à deux heures du matin. »
« C’est pas ça, je viens de me rappeler que la voisine avait des gants ! »


lundi 30 mars 2015

Chri - Week-end de bricolage

La terrasse en bois..

Cette fois c’est décidé, ce week-end je m’y colle. J’ai regardé la météo, ils annoncent grand beau sans vent. Un temps idéal.
Il faut que j’étrenne mon diplôme tout neuf. Un CAP suédois en montage de Godlaff. Les trois même étagères. La dernière j’ai mis deux heures de moins que les deux premières. J’étais fier. Mention, messieurs dames.
Le vendredi soir, je prends les mesures et fais ma liste, samedi matin, je fonce à l’ouverture chez Leroy Brico, je remplis la bagnole et en rentrant j’attaque. Dimanche matin, je m’y remets de bonne heure et si tout va bien le soir on peut marcher sur la nouvelle terrasse en bois. Des mois que j’y pense, des mois que je calcule, une fortune dépensée en magazines de décoration où la simplicité minimaliste le dispute à la rigueur minimale. À dix mille euros le mètre… Celle que j’envisage devrait me coûter un avant bras mais si je me débrouille bien,  le résultat le vaudra. Comme c’est le palier d’entrée devant la maison, cela mérite d’être un peu soigné quand même. J’ai choisi une terrasse en acacia pour éviter le teck, la déforestation et le saccage de la planète. Elle sera un peu plus chère qu’une autre mais tant pis. Une dizaine de mètres carrés à couvrir et tout ce coin là qui était plutôt vilain habillé de neuf. Je m’en régale à l’avance.
Je fais le pied de grue devant l’hyper marché du bricolage, nous sommes plusieurs dans ce cas. Je me suis collé un crayon mine sur l’oreille pour faire genre. J’ai un jean troué et un sweat-shirt qui a dû appartenir à Charles Quint. Je ne suis pas rasé, à peine lavé et j’ai encore une trace de café noir aux coins des lèvres. Je faisais bricoleur du samedi, non ?
La grille monte nous entrons. Je suis obligé de prendre deux caddies à cause de la longueur des planches. Je sais où je dois aller, c’est là-bas à l’extérieur au fond du rayon jardinage. Je m’approche avec mes deux caddies de compétitions, je repère les planches je les mesure avec mon Stanley trois mètres flambant neuf et je commence à charger. Il faisait une belle chaleur. En dix minutes, j’étais en nage. Un quart d’heure, un caddie. Je pousse le premier plein dans l’allée et je charge le deuxième. Le dos me brûlait, les bras commençaient à flageoler, j’avais du mal à respirer, je n’étais pas confort. Une vingtaine de minutes après le deuxième était plein comme un truck canadien du Grand Nord. Cette fois j’avais tout. Avant les planches, j’avais acheté visseuse, vis, marteau, niveau enfin la petite quincaillerie… Je me suis essuyé le front, j’ai descendu une bouteille de gazeuse minérale que j’avais emportée et je me suis saisi du premier caddie pour l’approcher des caisses. J’en avais bien pour six ou sept cent euros de bois….
Là, un trou noir. Je me suis vu passer la caisse et devoir placer tout ce bois dans la bagnole. Je me suis vu arriver à la maison devoir décharger tout ce bois DE la bagnole. C’était au-delà de mes forces. J’ai entendu un cri, comme un ordre : Mais fiche donc le camp d’ici, malheureux !
J’ai tout planté là et je suis sorti. En passant devant le rayon détente, j’ai attrapé une chaise longue en teck de Malaisie.

Maintenant, j’avais tout le week-end devant moi pour en profiter.


Où lire Chri
et où voir les images

Lunembul - Week-end de bricolage

"Attends… mais attends… attends bon sang !!!!"
Ce sont les derniers mots que j'ai entendus de lui. J'étais en train de mettre le karcher en route. Le karcher, il était à fond bien sûr et papa est tombé du muret, tête la première dans le béton encore frais. Il s'est assommé sur le coup et j'ai pas pu le tirer de là vu que mes bottes en caoutchouc étaient elles aussi prises dans le béton. Et puis j'étais pas assez fort, j'ai que six ans. On a dû laisser la tête dans la fondation et le cou aussi, on a enterré le reste ce matin.
On est tout triste, on lui avait dit à papa que c'était pas une bonne idée, non, pas bonne idée de bricoler un dimanche. Maman lui a même dit qu'il avait la tête trop dure.

Vegas sur sarthe - Week-end de bricolage

Mars au marteau, avril au pinceau

Chez nous le dernier week-end de mars a toujours été un passage critique, comme une épreuve, un tribut à payer au dieu du printemps qui est aussi - on a tendance à l'oublier - le dieu de la guerre et celui des impôts!

Aussi lorsque le commun des mortels quitte son douillet cocon pour aller jardiner, préparer plate-bandes et semis... chez nous c'est l'épreuve, le branle-bas des travaux d'intérieur.
Cette année Charlotte avait décrété que notre cuisine n'était plus fonctionnelle et qu'il fallait la réagencer, du moins me l'avait-elle fait comprendre en étalant sous mes yeux nombre de catalogues ouverts à la rubrique Cuisines.
Le message était clair - le changement c'était maintenant - un message alourdi du choc des photos et plombé du poids des mots-qui-motivent tels que Les envies qui prennent vie, Le tout près de chez vous, Parce que je le visse bien, le Fastoche ou le Castoche!
Mais chez nous il y avait un slogan plus fort que tous ceux-là: “Charlotte, y en a pas deux!”

A mon premier coup de hache dans l'aggloméré - bien qu'il n'y ait jamais eu de H dans aggloméré - j'ai senti que ça n'allait pas être du gâteau... mais dans un sens ça m'arrangeait vu l'indigestion qui m'avait dérangé la semaine passée.
Désincarcérer un lave-vaisselle encastrable trop bien encastré n'est pas la chose la plus aisée à faire.
N'étant pas l'auteur de l'encastrage j'usai de quelques mots crus pour faciliter mon travail de démolition.
Les novices ignorent l'importance des mots crus dans l'outillage indispensable à tout bricoleur du week-end, au même titre qu'un perforateur pneumatique, qu'un niveau laser ou qu'un couteau à démastiquer.
Certains outils sont à double tranchant comme le couteau à démastiquer qui - mal employé - génère automatiquement des mots crus.

Pourtant j'avais préparé le terrain, coupé l'eau, l'électricité, le gaz, quelques compresses stériles et trois fois la parole à Charlotte (ce qui est un exploit) mais ça ne venait toujours pas.
J'étais dans ce grand moment de solitude que connaissent les médecins-accoucheurs en manque de forceps...
Contre l'adversité il faut savoir rebondir en faisant preuve d'imagination: la césarienne s'imposait à moi comme une évidence.
C'est ainsi que j'ai eu l'idée géniale de démonter tout ce qui entourait le lave-vaisselle y compris deux mètres carrés de carrelage pour être tranquille.
J'estimai avoir fait le plus dur quand j'eus évacué les premières brouettes de gravats sur le trottoir.
Tout près, les oiseaux bêchaient et les voisins chantaient ou le contraire mais c'était bien.

Chez nous ça chantait différemment devant le trou béant où Charlotte retrouva - avec de charmants Hoo! et de délicieux Haa! - quelques objets perdus au milieu d'un troupeau de moutons: un couvert à salade de tante Marthe, la clef du portail, un ticket de Loto perdant et perdu ainsi que la dépouille d'un mulot que Minouchette avait dû pousser vers sa dernière demeure...
Il ne me restait plus qu'à réitérer mon exploit avec la gazinière, le frigo américain, la hotte et onze placards après quoi un bon coup de peinture signerait artistiquement la fin des travaux.
A quoi bon disserter sur ces opérations qui vidèrent rapidement la cuisine pour mieux encombrer le trottoir?
Il était temps: j'avais épuisé mon stock de mots crus de printemps et je ne voulais pas entamer mon capital de mots crus d'été réservés à la mise en eau de la piscine!

Alors parlons peinture.
La peinture c'est comme qui dirait une forme d'art - initiée il y a environ trente deux mille ans - c'est dire si elle a eu le temps de sécher, si l'homo-ça-peint est expérimenté et s'il possède le recul nécessaire - moyennant un long manche - pour exercer cet art les yeux fermés dans sa cuisine!
J'optai pour un bleu 'Magret de canard' et Charlotte pour un rose 'Cuisse de nymphe émue' et après une brève négociation on se partagea équitablement les placards y compris le onzième condamné à la bicolorité.
J'étais impressionné car Charlotte était impressionnante, le smartphone dans une main avec l'application 'la peinture pour les Nuls' et le pinceau dans l'autre main!
J'ai toujours été subjugué par ces petites bombes sophistiquées - les smartphones, pas Charlotte - et par leur robustesse en toute circonstance, même ressortis d'un pot de peinture 'Cuisse de nymphe émue'.
Le résultat dépassa toutes nos espérances, il les distançait même comme avait dû le ressentir Salvador Dali dans sa période mystique.
On se regardait. N'avions-nous pas placé la barre trop haut? un peu comme ce porte-serviettes posé de guingois sous la pendule?
Tenant l'escabeau, j'assistais Charlotte dans l'ajustement du porte-serviettes - ému au plus haut point par ses cuisses de nymphe - quand par la fenêtre ouverte je crus entendre l'exclamation enthousiaste d'un voisin, un de ces cris gratifiants qui viennent couronner un bel effort et mettre du baume au coeur: “C'est à vous tout ce merdier sur mon trottoir?”

Dehors les oiseaux bêchaient toujours mais les voisins chantaient moins ou le contraire mais on était bien et sur nos visages comblés suintait ce délicat mouchetis bleu-garçon et rose-fille qui fait toute la différence entre les créateurs et les créatrices.


Semaine du 30 mars au 5 avril 2015 -

Cette dernière semaine fut du gâteau, savoureux, tendre, drôle.

Mais voici que le printemps s'avance  ... Et vous avez soudain envie de tout changer chez vous : repeindre la chambre ou le salon, refaire la cuisine, rajouter un étage, aménager les combles, voire même tourner la maison de 180 degrés pour qu'enfin la terrasse soit au sud ...

Donc ce week-end sera un week-end de bricolage que vous allez nous raconter dans le détail, car bien entendu, tout ne se passera pas exactement comme prévu ...

Fin des travaux, dimanche 5 avril à minuit !

Il suffit de nous envoyer votre texte à l'adresse habituelle : impromptuslittéraires[at]gmail.com

dimanche 29 mars 2015

BrindR - Du gâteau

Facilité littéraire

 « Ça, c’est du gâteau ! »

 Mais d’où peut bien venir cette expression quelque peu désuète et qui sous-entend que c’est facile à faire ? À défaut d’avoir trouvé une origine reconnue, elle me semble tout à fait abusive. Faire un gâteau n’est pas aussi simple que cela, et peut même être lourd de conséquences !

 En tant que maman, je m’efforce régulièrement de faire de beaux gâteaux ludiques et colorés pour mes enfants et leurs copains de passage à la maison. Mais quel que soit l’effort d’imagination et de réalisation fourni, il y a toujours quelque enfant blasé qui me jette à la figure un « moi, ma maman, elle fait des gâteaux en forme de bateau de pirates/coffre-fort/carrosse de princesse… ». Et de voir la déception dans les yeux dépités de mes propres enfants…

Pour me consoler, je me souviens des bonnes fées marraines d’Aurore, alias la Belle au bois dormant, qui ont été incapables de faire un gâteau présentable sans l’aide de leur magie. Et mal leur en a pris puisque c’est la magie utilisée pour ce gâteau qui a permis à la méchante sorcière de retrouver Aurore et de lui faire vivre son destin somnolant.

Retour au monde réel, et j’insiste : faire un gâteau – même tout simple – peut casser le moral si l’on n’a pas l’art et la manière… À l’occasion d’une soirée d’anniversaire, j’ai pu assister à une scène attristante ! Une des invitées avait apporté un gâteau cuisiné par ses soins, et fait notamment de très grosses (un peu trop visiblement) pépites de chocolat. Quel ne fut pas son désarroi quand elle a vu la réaction de ceux qui en avaient pris une part ! Ignorant qu’ils étaient observés, ils inspectaient leur dessert d’un air dubitatif, se demandant certainement s’il fallait ou non prendre le risque de goûter ce cake suspect… Vexée, cette pauvre cuisinière a dû se jurer qu’on ne l’y reprendrait plus et que désormais, à toute fête d’anniversaire ou autre, elle apporterait plutôt des boissons ! C’est beaucoup moins risqué !

Alors non ! Faire un gâteau n’a rien de facile. Aujourd’hui, je vous le dis, renonçons à cette expression de nos grands-mères, même passée à la forme négative, ainsi qu’à ces obsolètes « c’est fastoche » ou « c’est pas de la tarte » (tiens, les tartes aussi sont faciles à réaliser ?), ou encore à ce très sale « les doigts dans le nez », et faisons comme dans les cours de récréation de nos tout-petits, où le « c’est trop fas’ » a remplacé les exagérations culinaires et autres expressions peu ragoûtantes.

Gino Gordon - Du gâteau

Conversation

L'inspecteur Gordon, est déjà en retard pour l'Opéra lorsqu'il reçoit un coup de fil de adjoint Brandon. Un normand.

- Oui, Brandon, qu'est-ce qu'il y a ?

- Du rififi chez les sœurs Tatin. Pas de victime, mais elles avaient l'air tout retourné. Un type est arrivé et les a braquées avec un brownie.

- Un browning, vous voulez dire.

- Oui chef, c'est ça. Bref, ils sont repartis avec la galette.

- Vous avez envoyé un inspecteur ?

- Non, pas encore. Justement…

- Demandez à Madeleine !

- Madeleine, elle est à Pithiviers. Vous savez c'est elle qui s'occupe de l'affaire du financier buté par un Bavarois.

- Il vient de la Forêt Noire, mais passons.

- Je vous l'accorde, chef. Mais si vous voulez mon avis, cette histoire c'est une pièce montée.

- On dit "un coup monté", Brandon. Mettez Amandine sur le coup alors !

- Amandine, c'est pas possible, elle est en arrêt maladie. Elle est a pris une bugne, une tarte si vous voulez. Vous savez, c'est elle qui s'occupe de l'affaire du broyé poitevin. Une sale histoire.

- Et ?

- Cette fille, c'est une vraie crème brûlée ! Dans l'affaire de contrebande de cigarette russe… 

(Gordon l'interrompt, un peu agacé.)

- Une tête brûlée, Brandon. Qu'est-ce qu'elle a fait ?

- … Elle s'est méchamment gaufrée. N'empêche, elle est dans ses petits chaussons

- Souliers, Brandon, dans ses petits souliers. Alors qui on envoie ? 

- Attendez je ne vous entends pas bien, je remets mon oreillette…

- Vous n'êtes pas de service, c'est ça ?

- Ben non, c'est mon anniversaire et les enfants m'ont fait un pudding provençal aux raisins et aux olives. C'est sucré salé. Assez original…

- Et alors ?

- Un braquage dans une pâtisserie, j'ai pensé tout de suite à vous, chef. Un enquête comme ça, c'est comme qui dirait du gâteau pour vous non ?

L'inspecteur Gordon en reste baba. Et pour tout vous dire, comme deux ronds de flan.

Blick - Du gâteau

Les taupes

Il y a beaucoup à faire au jardin au début du printemps. Finir de tailler les rosiers, les céanothes caducs et les spirées, rabattre le millepertuis et l'hydrangea à grandes fleurs, recéper les arbustes, éliminer les fruits momifiés du pommier, planter les crocus, diviser les touffes d'iris. Au potager c'est le temps des semis et des repiquages. Je consacre aussi beaucoup de soins à la pelouse, il faut éliminer les mousses, scarifier, apporter un engrais coup de fouet riche en azote et passer le rouleau. On peut dire que je sarcle et me casse la binette pour avoir un beau jardin.

Les taupes ne sont pas mes potes, ah ça non. Elles s'efforcent pourtant d'être aimables, déposant sur ma pelouse de grosses meringues, qui me paraissent hélas terriblement terreuses, au point que je m'en servirais bien pour mes rempotages. Mielleuse, l'une d'entre elles, qui aime à prendre le frais à l'entrée de sa galerie, me susurre que ce sont des gâteaux mais je ne m'y laisse pas prendre.

Elle m'ont invité plusieurs fois à visiter leurs galeries souterraines, réseau complexe de galeries d'art, boutiques de mode, showrooms, genius bars, à l'occasion de vernissages, lancements de collections et nouveaux modèles, dégriffages et ventes privées, mais je n'aime pas les mondanités, ni les petits fours et les limaces dont elles se nourrissent. Et puis j'ai trop à faire au jardin. Mais quand elles m'ont parlé, sirupeuses, de leurs projets d'agrandissement et de la création d'un complexe hôtelier pour campagnols, de saisissement j'en ai lâché ma serfouette.

Même le hérisson, occupé à ce moment à laper l'eau de pluie dans une soucoupe de terre cuite sur le seuil de la resserre à outils, ça l'a mis en boule. Ne te mêle pas de ça, lui ai-je dit, tu n'as rien à faire dans cette histoire, c'est une affaire entre les taupes et moi, ne va pas risquer de te prendre un coup de fourche perdu, car désormais c'est la guerre. Va donc plutôt faire un tour, mais fais bien attention en traversant la route.

Puis j'ai confectionné une tarte, que j'ai fourrée de poison, fumigènes et pétards, de colle à papier peint et de ronces, et décorée sur le dessus de vers de terre, de courtilières et de carabes dorés. Je l'ai tendue avec un sourire avenant à l'une d'entre elles au moment où elle présentait son badge à l'entrée du parking souterrain où elles se garent, en lui disant, tenez c'est du gâteau et c'est pour vous, en remerciement de vos délicieuses meringues.

On verra si ça marche.


samedi 28 mars 2015

Cadichonne - Du gâteau

Caprice de Pâques.
  • Mamannnnnnn, c’est quoi, le dessert ?
  • C’est du gâteau.
  • Ah non !!!!! Je veux un gros œuf en chocolat !

(contribution particulièrement léchée de Cadichonne…).

AOC - Du gâteau

Toute à son bain, Marie laissait fondre le chocolat pour qu’au mieux il s’étale sur sa taille au pire s’épanche sur ses hanches alors qu’à son insu un chinois louche fouettait le cul de poule où les blancs se montaient le bourrichon sous l’œil goguenard du fusil. Du piano montait un air de mandoline dont la batterie se souciait comme d’une guigne alors que la salamandre grillait d’enfer.

Patient, le chinois se promit de ne pas foncer trop vite pour éviter la tarte mais tâter l’umami ; c’est que jusque-là, aucune ne lui avait donné satisfaction : Charlotte, Victoria, Madeleine, Suzette et encore moins Maryse n’avaient cette saveur sublime qu’il espérait tant. Son maitre exerçait dans le domaine du parfum mais lui n’avait rien d’une grenouille qui se ferait rouler dans la farine…

Seulement voilà, il n’avait pas prévu l’arrivée d’Arlette.

Arlette c’était vraiment la tuile et quand elle lui est tombée dessus il en a perdu le goût, surtout celui des deux sœurs qu’il retrouva comme la rate : au court bouillon ! Ces deux-là ne s’en laissaient pas compter et chez elles, point d’étamine autre que florale qu’on se le dise !

Au menu du jour, les belles avaient décidé de se régaler avec Alexandra sans pour autant se prendre pour les reines du Danemark.

Elles avaient un gros faible pour ce délice riche en amandes, abricots et chocolat, même si elles doutaient un petit peu qu’elle navigua naguère dans les mêmes eaux qu’elles…. A moins… à moins que la perversion ne fût poussée à son extrême limite et que l’on osa donner son nom à un gâteau qui ne représentait rien d’autre que les goûts de son époux ? Un comble !

Tout à sa fuite, le chinois eut le temps d’entendre ce que ses oreilles refusèrent de laisser arriver aux neurones mais son estomac ne put que se révulser lorsque la douille chuta sur :

« Ma chérie, veux-tu que je te dise ? Ton corps, c’est du gâteau »

Joe Krapov - Du gâteau

LOREILLE ET LARDU REFONT LE MONDE A LEUR SAUCE

- Simplifier le millefeuille administratif ? Mais mon vieux Loreille, il n’y a rien de plus simple ! C’est du gâteau, ça !

- Ah oui ? Et comment que c’est-y que tu ferais, toi, Lardu ?

- Déjà il y a des tas de villes à rassembler dans une même communauté de communes.

- Une communauté religieuse ? Saint-Etienne, Saint-Denis, Saint-Nazaire et tout le Saint-Ouen… euh tintouin ? Sainte-Ménehould et Sainte Tréphine pour qu’on puisse vivre dans la paix des nonnes ? Lesquelles tu vois, toi ?

- La grande métropole de Paris-Brest ! Frangy –La Panne !

- T’es un drôle de pistolet, dis donc ! Un sacré moule à gaufres ! La Panne, c’est en Belgique !

- Sois pas gland, Loreille ! Putain, Putain, c’est vachement bien, on est quand même tous des Européens !

- Voilà un argumentaire bien cucul la praline ! Autant porter l’ONU aux nues ! Continue !

- Au niveau des départements, je préconise de fusionner la Vendée, pays des ventres à choux et l’Aragon-Castille, pays des glaces au citron et la vanille.

- C’est tout bénef ! C’est même tout profit’rock’n’roll ! Tu es vraiment à la pointe du progrès, j’en suis tout ébaubi ! Reprends !

- Regrouper Sablé-sur-sTarte et Romorantatin !
- Renversant !

- Saint-Florentin le Vieil et Saint-Honoré-les-Bains.

- Merveilleux !

- Pour faire la fête, rassemblons le mirliton de Pont-Audemer, le pastis landais et la tarte au Vintimille, marions la Tropézienne avec le Bavarois, la Charlotte avec l’Amandine, La Madeleine  avec un Chinois.

- Dis-donc, ça va coûter bonbon, ton millefeuille !

- Il vaut mieux faire régner la concorde et faire chanter la colombe de Pâques plutôt que de casser les bugnes, foutre des beignets ou tirer les oreilles aux croquignoles. Tant que les Financiers détiendront la galette il y aura toujours des mendiants pour dire que l’égalité, c’est du flan.

- Franchement, est-ce qu’une réorganisation à base de calembours hâtifs, on ne trouvera pas ça, en calant, bourratif ?

- Toujours aussi sceptique, hein, Loreille ? Ca ne me pannetone pas de toi !

- Bref, quand tu as terminé, qui tu mets à la tête de ta pièce montée? Pépé le Moka ? Le chef de garnison du camp romain de Babaorum ? Toi ?

- Moi je suis un mec dans le genre de Pénélope. Je fais pâtisserie.

- Alors qui ?

- Un jésuite !

- Sacristain, va ! Pourquoi un  jésuite ?

- Lui seul pourra nous dire pourquoi on écrit « un mille-feuille » sans « s » à « feuille » alors qu’il y en a un paquet et…

- et ?

- … et pourquoi « un casse-couilles » avec un « s » alors qu’il n’y en a que deux !



 

Où lire Joe Krapov

vendredi 27 mars 2015

Tiniak - Du gâteau


C’est du gâteau !

Quand les lentes nuées nouent le nom que tu portes
à fleur de peau jusqu’à mon cœur ouvert, bien sûr
que c’est du gâteau !

Quand la crème des arbres, douce canopée tangue
et murmure le nom que je te donne alors
sûr que c’est du gâteau !

Quand ma dernière larme est tombée dans tes mains
et que tu l’auras bue d’un sourire, amusée
je veux, qu’ c’est du gâteau !

Quand l’ombre dans la cour imite un peu la tienne
pour que je m’en souvienne, et jusqu’à ton retour
ah, oui ! C’est du gâteau !

Quand je trouve les mots qui chantent mieux que moi
tes campagnes, tes bois, leurs multiples parfums
je reprends du gâteau !

Quand s’immisce un cheveu dans ma bouchée gourmande
j’en déguste l’offrande et continue le jeu
parce que c’est du gâteau !


Où noter la recette 



Illustration : Gaëna da Sylva, photographe
(« Les Confessions Du Fauteuil Vert »)

jeudi 26 mars 2015

Arpenteur d'étoiles - Du gâteau

La cuisine de mon enfance

J’ai appris avec les yeux, avec le nez, avec les doigts. La cuisine est une affaire de sens, de sentiment et d’amour. Mais j’ai surtout appris avec Elle. En regardant les mains virevolter d’un ustensile à l’autre, d’un légume à l’autre. Les mains et le tablier noir. Et par-dessus tout cela, un regard bleu et rieur et un chignon blanc.

Elle ne cessait jamais. Les pâtés aux cerises du jardin (mon rôle était le dénoyautage avec une espèce d’engin à ressort). Les clafoutis aux cerises (mais celles-ci non dénoyautées). Des ragoûts, des vol-au-vent, des quenelles, des vacherins, des civets, des volailles, des soufflés, des pots au feu, des mirotons, des crèmes anglaises ou au beurre, des ganaches, des confitures, des bocaux, des liqueurs … Les parfums changeaient jour après jour et suivaient les saisons, bien sûr. Les légumes et les fruits étaient du jardin, les poulets aussi. On liait les sauces en un tournemain et on déglaçait au vin de pays, simplement. Les flammes montaient parfois un peu trop haut mais toujours dans le calme. Et il y avait en permanence quelque chose en train de mijoter au fond du fourneau et qui prenait paisiblement un goût inimitable.
Elle était dans son temps à elle, tout comme mon grand-père était dans son temps à lui. Taiseux, cosmique et paysan. Son temps était celui de la nature, lente et fidèle. Elle aussi était dans ce temps-là, mais autrement. Celui de la cuisson, de la levée des pâtes, des légumes ou des fruits mis en conserve et qui renaissaient au cœur de l’hiver. Ils n’étaient jamais dans le temps de l’urgence.

Pas de batterie de cuivre à la maison. Pas de piano. Des casseroles en fer blanc ou en fonte. Un fourneau à charbon avec barre de laiton et la réserve d’eau chaude pour les bains marie. Mes petits bonheurs : voler de la pâte au rouleau, goûter le flan avant qu’il ne soit enfourné, mettre le doigt dans les sauces brûlantes. Et puis surtout, faire couler le caramel sur les blancs en neige dans leur crème anglaise, en posant le pique-feu rougeoyant sur des morceaux de sucre.

Et puis l’année de mes quatorze ans, la cuisine s’est tu. Elle est devenue brutalement une pièce égarée, comme un bateau sans capitaine, sans but, sans voyage. Ainsi va la vie, ainsi va la mort.

Aujourd’hui, quand parfois je me mets aux fourneaux je pense à elle et je la revois, habile, vive, subtile et drôle. J’ai gardé en mémoire des saveurs, des goûts, des textures que je ne retrouverais sans doute jamais. Les produits ont changé, les façons de vivre et de manger aussi. Je consulte encore parfois son livre de recettes qui se résument pour la plupart à de simples proportions et à quelques annotations. Mais c’est son écriture et c’est un peu un témoin qui s’est transmis ainsi et qui un jour tombera de mes mains, définitivement.

Elle s’appelait Marie et elle était ma grand-mère.

Et cette partie d’enfance-là, c’était du gâteau. Du gâteau à la crème et du gâteau d’amour. Un gâteau formidable de vie simple.

Nounedeb - Du gâteau

Tu fais du bateau ?
T’es complètement marteau,
T’as vu mes biscoteaux ?
Je préfère jouer du pipeau,
Ou faire des gâteaux de lune.
Il y a bien la tarte aux prunes
Mais après, on fait des pets de nonne.
(Ne lisez pas pets de Noune !)
Y a même la « queue de castor ».
C’est du gâteau, ou bien j’ai tort ?
Wiki dit que c’est une espèce de gaufre
Il ne faudrait pas qu’on s’en goinfre
Si non on est lesté à mort.
Sur un bateau, quel inconfort !

Où lire Nounedeb

mercredi 25 mars 2015

Lorraine - Du gâteau

C’EST DU GÂTEAU

Croire au printemps, c’est du gâteau
J’ai abandonné mon manteau
Enfilé la robe à fleurettes
Et acheté des violettes

Mettrai-je ou non ce gai chapeau ?
Il fait si fièrement le beau !
Par contre sur l’escarpolette
La , Il fera la pirouette

Croire à l’amour c’est du gâteau
Quand on a vingt ans très bientôt
Courir à deux dedans l’herbette
C’est du bonheur qui me soufflette

Croire au bonheur quel crescendo !
Je l’adorais, ce damoiseau
Sans doute étais-je un peu simplette
II partit vers d’autres conquêtes

Mais le printemps c’est du gâteau
J’ai pleuré un peu, mais pas trop
La vie est une devinette
J’ai mis mon jupon à paillettes

mardi 24 mars 2015

Lilousoleil - Du gâteau

Monsieur Lefèvre Utile a inventé le Petit Beurre en pensant à …
A qui au juste ? Aux petits lascars qui sortent de l’école et qui commencent tous sans exception et depuis la création du biscuit,  par  croquer les coins religieusement  l’un après l’autre prenant soin de ne pas déborder sur les dents. Ensuite c’est comme on veut ; grignotage des petits picots deux par deux ou coups de dents intempestifs dans un côté passer du carré au rectangle, histoire de faire de la géométrie mine de rien ou bien  rognage pour réaliser une sculpture très personnelle en intégrant les lettres et petits points pour faire un dessin ; et que dire  du graphisme dans les miettes !
Mais au fait pourquoi le petit beurre est un biscuit pas comme les autres.
Avez-vous remarqué que ce gâteau sec possède :
-  cinquante deux dents (Pierre Dac ajouterait deux dehors) comme le nombre de semaines dans une année 
- quatre coins pour identifier les quatre saisons 
-  vingt quatre  petits points représentent les heures d’une journée
- sept centimètres de coté pour les jours de la semaine

Que voilà un biscuit qui s’inscrit dans la représentation du temps qui passe et qui dure…
Monsieur Lefèvre Utile a pensé à tout cela en créant son biscuit ?
Proust avait sa madeleine, moi j’ai mon petit beurre.

Lorette - Du gâteau

C’est du gâteau…

Il y a quelques mois, dans un moment de totale inconscience, je me suis portée volontaire pour aider à organiser la fête de l’école. En apparence, mon rôle était simple : je devais aller acheter les ingrédients pour la confection des gâteaux. Évidemment, je n’étais pas lâchée dans la nature sans consignes ! J’avais une liste détaillée, à laquelle je devais absolument me tenir, m’a-t-on bien précisé ; ni plus ni moins. Je me suis dit : « C’est du gâteau… »

Et me voilà déambulant dans un énorme entrepôt destiné aux professionnels, qui plus est accompagnée de mes enfants, que j’avais eu l’ingénieuse idée d’emmener afin qu’ils m’aident à porter les courses. Forcément, ils ont commencé par râler, jusqu’au moment où ils ont compris qu’ils étaient dans un formidable espace de jeu, avec un immense caddie où l’un s’allonge et que l’autre pousse en slalomant et en hurlant dans les allées.

Imperturbable et concentrée sur ma mission de haute importance, j’ai pourtant commis l’erreur fatale : j’ai acheté le plus gros calibre des pépites de chocolat. J’avais comme instruction « pépites de chocolat pour cookies » et j’ai osé laisser parler ma créativité en choisissant celles qui me semblaient originales, gourmandes et généreuses pour de délicieux cookies.

Conséquence : recalage sans appel de mes pépites de chocolat ! J’ai cru que l’adjudante-chef de la fête allait s’étouffer : « Quoi ? Des pépites de 2 cm pour des cookies ? Mais tout le monde sait que la taille réglementaire est de 9 mm ! »

Je n’ai pas osé lui répondre que je n’avais pas eu connaissance du règlement de la fête de l’école qui, à mon avis, doit être beaucoup plus volumineux que le Code civil et le Code du travail réunis.

Devant cette erreur monumentale, j’ai fait profil bas. Afin d’éviter tout scandale – et surtout le renvoi de mes enfants pour faute lourde de leur mère –, j’ai démissionné de mon poste de bénévole et proposé de racheter à mes frais les fameuses pépites incriminées.

Et me voilà depuis avec un stock de 10 kg de pépites de chocolat à écouler et une indigestion de toute forme de bénévolat !

Jacou - Du gâteau

Prendre la gazelle par les cornes.

Dimanche 25 juin 2012, antenne Beauceronne.

Et la cerise sur le gâteau, est notre gagnant tout terrain du Paris Brest. Vos impressions, monsieur.
C’est moi le gagnant ! Je croyais être dans les choux ! J’arrive combien !
Premier, monsieur.
Premier ! Permettez que je téléphone à ma femme. « Allo, Charlotte, j’ai gagné ! »
Vous semblez ému, de votre victoire.
Tu parles. C’est la première fois que ça m’arrive. Ma femme chiale comme une madeleine. Chérie, si tu m’entends, prépare la pharmacie ; j’ai les nougats en compote.
On applaudit bien fort Florentin, notre vainqueur. Que faites vous dans la vie, Florentin ?
Cultivateur, à Pithiviers.
Combien d’heures passez- vous à l’entraînement ?
Jamais. Je passe mes journées dans mon champ de blé. Ma femme travaille à la fabrique de croquignoles. On n’a pas beaucoup de temps libre.


24 novembre 2012, dans Le Feuilleté de Pithiviers :

«  Florentin, le gagnant du Paris Brest, de retour à Pithiviers, nous a confié que  Paris Brest, c’était du gâteau en comparaison de  la Rose des Sables. « Je vous confie que c’était pas de la tarte. Surtout que les concurrentes étaient culottées. Tandis que moi, tantôt détrempé, tantôt desséché, elles doublaient mon cul de poule, sans décanter. »

Sans décuire pour autant, il nous donne rendez-vous pour la course du Rocher des Tablettes en juillet prochain. »


Où lire Jacou

lundi 23 mars 2015

Graind'sel - Du gâteau

Les cornues.

Chaque année, quand approchent les fêtes de Pâques, je pense invariablement à ma grand-mère maternelle. Et à ses cornues limousines.
D'aussi loin que je me souvienne, je revois cette petite bonne femme aux cheveux argentés, au visage sans rides et aux beaux yeux gris vert s'affairer dans la cuisine familiale l'avant veille et la veille de Rameaux.
Elle préparait pour la fratrie les brioches spéciales qui allaient décorer nos buis.
C'était tout un cérémonial et rien ni personne ne devait la déranger pendant qu'elle confectionnait ses pâtisseries. Elle acceptait quelquefois que je reste avec elle à condition d'être sage et de ne pas l'interrompre.
Pour moi, c'était la fête. A califourchon sur une chaise, je ne perdais pas une miette de ses gestes vifs et assurés. Elle disposait sur la grande table, les pots contenant la farine, le sucre, le sel, le lait et le beurre. Sans oublier le panier des œufs. Au levain déjà travaillé la veille et versé dans une jatte profonde, elle ajoutait un à un et dans un ordre bien établi tous les ingrédients nécessaires. En tout dernier, elle allait prendre dans le buffet une petite bouteille bleue et versait en les comptant, quelques gouttes dans la pâte qu'elle arrondissait avec des gestes larges. Il fallait ensuite que cette pâte repose toute la nuit.
J'attendais avec impatience le lendemain où odeurs et couleurs allaient m'enchanter. Mais c'était d'abord le découpage et la mise en forme des brioches qui me captivait. Il fallait qu'elles se présentent disposées en trois branches. Ma grand-mère n'a jamais su - ou voulu - m'en expliquer la véritable raison. Elle disait qu'elles étaient destinées au père, au fils et au saint esprit. Et naturellement, longtemps j'ai cru que je devais surveiller ma cornue pour que l'un de ces énergumènes ne me la vole pas !
J'ai appris depuis que cette coutume avait des origines païennes. Jusqu'au Moyen Age, l'une des pointes était plus longues que les autres prenant une forme phallique pour symboliser la fécondité. Un évêque de Limoges mit fin à ces pratiques en demandant que l'on confectionne des pointes d'égale longueur. Et, bien entendu décida que la cornue représenterait la Trinité.
Peu importe ! Qu'elles étaient belles et parfumées ! Toutes dorées. Bien gonflées. Mais pas question de les goûter. Il fallait d'abord en garnir notre buis pour la messe. Grand-mère plantait la tige de bois au milieu de la brioche et accrochait sur les rameaux des papillotes aux enveloppes colorées. Pendant toute la cérémonie, je louchais sur les friandises et léchais mes doigts que je passais en douce sur le sucre de la cornue. Et il fallait encore attendre la fin du repas pour pouvoir enfin déguster la gourmandise.
- C'est du gâteau Mémé. C'est encore meilleur que du gâteau disais-je en dévorant ma cornue. 
- Oui. C'est meilleur ma fille. C'est du pain bénit répondait-elle.  

Chri - Du gâteau

La crise sur le gâteau.

___ Nan, d’abord, tu le sais bien, j’aime pas les gâteaux et à chaque fois tu t’obstines à m’en mettre un sous le nez. Tu le fais exprès n’est-ce-pas ? Tu cherches à m’énerver ? A me faire sortir de mes gonds ?

___ A y est… C’est reparti elle nous refait sa crise sur les gâteaux !

Vivement que tu sois majeure et que tu dégages d’ici parce que ça devient insupportable. Pas une heure, pas un jour où tu ne râles pas, où tu ne rouspètes pas, où tu ne te plains pas, où tu n’est pas débordée de colère, tu sais que tu es pénible à la fin ?

___ C’est toi qui me cherches. C’est de votre faute, en plus j’ai rien demandé à personne, moi. Surtout pas de venir et encore moins de débarquer dans cette famille…

Après ces derniers mots, on n’a plus entendu que la porte se fracasser contre son mur. La colère de feu sur pattes est sortie du jardin en ouvrant la grille d’un coup de pied magistral et elle a foncé droit vers la colline qui dominait le village. C’est là qu’elle allait quand ça n’allait pas, c’est là qu’elle allait quand elle ressentait le besoin de refroidir. En grimpant en apnée ou presque, elle laissait derrière elle des nuages de bouillonnement rageurs, une trainée de rogne, des pulsions de destruction massive, des désirs fulgurants de massacres. Les malheureuses pierres sous ses pieds en prenaient pour leur compte. Les arbustes du chemin semblaient même se courber pour éviter de s’enflammer sous les feux de la tornade incandescente. Elle est arrivée à peu près au sommet, là où la dalle de béton du réservoir affleurait de la garrigue, elle a donné trois ou quatre coups de pieds au sol comme un taureau furieux avant la charge et puis elle a retenu de violents sanglots qui la submergeaient de toute part.

Ce n’était pas le coup des gâteaux qui l’avait mise en rougne, comme souvent quand on entre en colère le problème était ailleurs. Elle seule savait où du reste. Comme elle ne parlait à personne, comme elle gardait tout en elle, son cœur était parfois trop plein.

En vrai, elle n’en pouvait plus de vivre dans cette petite maison de ce petit village, d’aller chaque jour dans un petit bus au petit collège de la petite ville d’à côté… Ce monde là n’était plus assez grand pour elle, elle rêvait d’ailleurs, d’horizons lointains de grands espaces, de foules entières, de capitales vibrantes verticales et animées. Ici, il lui semblait qu’elle s’étiolait, qu’elle dépérissait, qu’elle se fanait. Déjà. Juste avant d’exister vraiment, elle se sentait mourir à petit feu. Alors quand ça lui prenait, elle montait là-haut.

Une fois calmée, elle s’asseyait face au paysage et elle regardait. Alors, une paix intérieure faisait place à la hargne des minutes précédentes. Elle détaillait ce qu’elle voyait avec attention en gravant chaque fumée montant droit comme un point d’exclamation, chaque ferme au loin, chaque bosquet d’arbres, chaque virage de route, chaque alignement vertical de peupliers, chaque parcelle de terrain, chaque sillon de vigne…

Elle savait que plus tard c’est toujours ici qu’elle reviendrait. En attendant elle se mettait tout ça en tête pour pouvoir y penser les jours sombres…

Souvent, apaisée, il lui arrivait d’entendre une voix intérieure et bienveillante lui disant : Tu fais bien ma Princesse, si la vie ce n’est pas du gâteau, il peut arriver, parfois, d’y croiser de jolies cerises…