dimanche 18 janvier 2015

Lilousoleil - A la sortie du cours d'histoire

« Quand on allait chez Daniel, à la sortie des cours » , le mardi et le vendredi, nous galopions le long du chemin de terre revêtus de nos culottes courtes, nos bérets et nos vestes bleu marine. Nous arrivions essoufflés,  les joues rouges dans la grande maison en pierre et nos déposions nos cartables dans l’entrée, nous nous déchaussions et nous nous précipitions sur les larges tartines de pain frais de confiture de framboises celles-là même que nous allions cueillir dans les bois ; parfois nous trouvions aussi des tranches de pain beurrées saupoudrées de chocolat râpé. J’en ai encore l’eau à la bouche : des goûters simples et qui nous paraissaient somptueux.

Daniel, c’était notre ancien instituteur, celui qui nous avait appris à lire à écrire à la plume et l’encre qui nous tachait les doigts. Il avait passé toute sa carrière dans notre village, pris sa retraite deux ans auparavant et avait enseigné nos parents ; C’est dire si nous le respections et que nous avions bien du mal à ne plus l’appeler Maître mais Daniel ! Son bonheur de nous recevoir, nous ces dernier élèves, ceux que Mademoiselle Anna, toute jeune institutrice avaient « pris en main ».

Nous étions quatre gaillards dans la classe du certif’, quatre gentils rebelles et après avoir « bâclé » nos devoirs, nous faisions de la musique.  D’abord du chant choral avec Daniel au piano puis nous prenions nos instruments qu’ils gardaient précieusement les autres jours de la semaine, nous les caressions, nous leur parlions… Charles et Jacky au violon, Lucien à la flûte et moi au violoncelle. Daniel choisissait les partitions et nous commencions notre quintette dans une joyeuse harmonie pas toujours très symphonique.

Puis ce fut le collège, le lycée pour Lucien et moi et les répétitions se firent de plus en plus rares puis cessèrent complètement.

Aujourd’hui en écoutant cette sonate pour violoncelle et piano de Rachmaninov, je me souviens de mon premier concert soliste. La  présence au premier rang de Maître Daniel m’avait profondément ému et réjoui, et plus encore surtout lorsque me prenant dans ses bras, la larme à l’œil,  il m’avait glissé subrepticement dans la poche de mon veston un pot de gelée de framboise.

4 commentaires:

  1. ton récit m'a rappelé "La petite fugue" de Maxime Le Forestier : https://www.youtube.com/watch?v=RvIp3_RWjx4

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  2. Vegas sur sarthe18 janvier 2015 à 17:14

    J'ai cru un instant que tout ça était du pipeau, mais c'est trop criant de vérité :)

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  3. Si tu lui dois d'être parvenue jusqu'ici [ https://lilousoleil.wordpress.com/2015/01/15/ici/ ], je comprends tout ! ;)

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  4. L'Arpenteur d'étoiles18 janvier 2015 à 19:02

    j'ai aussi pensé à Maxime et je trouve ce souvenir formidable de vie, de tendresse ... et puis Daniel ... :o))

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